lundi 3 décembre 2007

Pourquoi je suis de gauche

Puisque l'heure est à l'idolâtrie sarkozyste, blairiste, merkelienne voire bushiste (!), j'ai eu envie de faire un rapide plaidoyer en faveur des valeurs de la Gauche (qu'on a tendance à oublier ces temps-ci) en les comparant avec celles de la Droite (mais aussi d'une certaine "gauche") libérale. Les différences parlent d'elles-mêmes.

Les impôts (sur le revenu, la fortune, les successions). Pour la droite, ils sont confiscatoires. Pour la gauche, redistributeurs.
Les marchés. Pour la doite, ils doivent être libéralisés en toute circonstance. Pour la gauche, ils doivent être régulés.
L'Etat. Pour la droite, il est répressif et régalien (justice, police, armée). Pour la gauche, il est le garant de la solidarité nationale, protecteur et régulateur.
Les valeurs fondatrices. Pour la doite, ce sont les libertés au pluriel. Pour la gauche, la liberté (au singulier) bien sûr mais aussi le souci de l'égalité.
La TVA. Pour la doite, c'est l'impôt le plus juste. Pour la gauche, le plus inégalitaire.
Les services publics. Pour la doite, ils sont inefficaces par nature. Pour la gauche, ils sont essentiels car ils participent à la redistributions des richesses.
L'obession. Pour la doite, la rentabilité. Pour la gauche, la justice sociale.

Quelles conséquences tirer de ce rapide tour d'horizon ? Quand la doite est forte, on assiste à la concentration des richesses au sommet de la pyramide sociale avec à la clef une société très inégalitaire et le recul des classes moyennes (le sablier). En revanche, avec la gauche, la société se caractérise par l'importance justement des classes moyennes (le losange).

Au final, quelle société préférez-vous: celle du sablier ou celle du losange ? J'ai fait mon choix. Et vous ?

jeudi 18 octobre 2007

Se poser les bonnes questions

Aujourd’hui, journée de grève nationale. Ce sont principalement les cheminots qui bloquent le pays pour sauver ce qui peut l’être de leur régime de retraite. Comme les fonctionnaires en 2003 et comme beaucoup en 95 d’ailleurs... Mais la réforme est plus large puisqu’elle concerne plus d'une centaine de régimes spéciaux à l’exception sûrement de celui des parlementaires... Comme c’est compliqué, on livrera en pâture à l’opinion les cheminots et on s’appuiera sur leur cas particulier –par tous les médias interposés- pour démontrer le bien-fondé de la démarche générale. Le pire, c’est que cela fonctionne. Après les réformes du régime général et celle du régime des fonctionnaires, l’opinion considèrent dorénavant les bénéficiaires de régimes spéciaux comme des « privilégiés animés de revendications purement corporatistes ». Ce n’était pas le cas, il y a peu. Bref, l’opinion rabâche la presse. La messe est dite. Logique imparable, vous en conviendrez, puisqu’une fois que tout le monde a reculé, ceux qui résistent encore sont jalousés, enviés, montrés du doigt etc... C’est comme ça, on n'y peut rien, les foules aiment les boucs émissaires. Ce qu’on oublie dans l’histoire, c’est qu’une fois cette affaire réglée, on pourra remettre le couvert, puis s’attaquer de nouveau au régime général puis aux fonctionnaires et ainsi de suite car d'évidence, rien n'est réglé. En outre, le débat est biaisé depuis le début par des gouvernements qui prennent soin de tronçonner leurs réformes pour mieux invoquer l’équité par la suite. Ce qui empêche de se poser la bonne question. Au lieu de se demander pourquoi ILS travaillent moins, il faudrait plutôt se demander pourquoi NOUS travaillons plus. Quant à l’opinion, il faudrait lui enseigner tout le sens que le terme « privilégiés » revêtait pour les révolutionnaires de la nuit du 4 août. S’ils revenaient parmi nous, je doute qu’ils voient les « privilèges » où l’opinion les cherche aujourd’hui. Enfin peu importe, trente années de pensée unique sont passées par là. Ce n’est pas moi qui vais réussir à ébranler les convictions du mouton heureux de se faire tondre.

J’espère que cette mobilisation sera un succès malgré l’annonce du divorce des Sarkozy qui ne manquera pas d’éclipser les manifestants venus battre le pavé -Remarquez, il nous avait promis la rupture, on l’a ! - Parce que j’en ai assez de ces politiques qui nous montent les uns contre les autres. Le « diviser pour mieux régner» a atteint un degré d’efficacité redoutable de nos jours. Les salariés du bas de l’échelle en sont réduits à se battre comme des chiffonniers parce qu’on leur fait croire qu’ils faut encore « faire des efforts » pour sauver notre « modèle social ». Non seulement c’est toujours aux mêmes que l’on demande des efforts (15 milliards de cadeaux fiscaux aux plus riches, dois-je le rappeler) mais surtout cela fait belle lurette que la fin de notre fameux modèle social est programmée et sa faillite minutieusement organisée. En matière de retraites, il est clair que le système par répartition sera bientôt remplacé par un système par capitalisation, bien plus lucratif pour les institutions financières.

Ce qui me désole, c’est que des efforts de ce type concernant TOUTE la société seraient tout à fait légitimes si notre pays s'était appauvri lors des dernières décennies. Or il n’en est rien. Etat endetté n'est pas synonyme de pays pauvre. Année après année, et quoi qu’on en dise, ce pays produit plus de richesses. La productivité bat des records. Combien de fois la France est-elle plus riche que dans les années 50 ? 2 fois, 4 fois plus riche ? Le solde de la croissance n’est-il pas largement positif par rapport à la situation d’il y a 60 ans ? Et ce pays ne pourrait plus se permettre de financer son système de retraite ou sa sécurité sociale ? Comment ne pas voir qu’au nom de la suppression des prétendus privilèges des salariés les mieux protégés, on veut accroître ceux des possédants ? Si la France a un problème, ce n’est pas celui du financement des retraites, c’est celui de la répartition des richesses. « Toujours moins aux salariés, toujours plus aux rentiers » devrait remplacer notre devise nationale, devenue indigne d’un pays comme la France.

Pour conclure, je laisse la parole à Denis Kessler, ancien vice-président du Medef, qui livre son analyse sur les réformes actuelles dans un article de Challenge daté du 4 octobre 2007 :

« Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d'importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme...

A y regarder de plus près, on constate qu'il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C'est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! »

Longue vie aux privilégiés ! Amen.

mardi 18 septembre 2007

Terry Pratchett, « La science du Disque-Monde », L’Atalante, 2007 (pour la traduction française)

Il y a les petites questions, les questions moyennes et les grandes questions. Ensuite, il y a les questions plus grandes encore, les questions immenses, et les questions si vastes qu’il est même difficile d’imaginer quel type de réponse constituerait une solution.

En général, les petites questions se reconnaissent aisément : elles ont l’air atrocement compliquées. Comme : « Quelle est la structure moléculaire de l’isomère L du glucose ? » A mesure qu’elles grossissent, leur formulation se simplifie de façon trompeuse : « Pourquoi le ciel est-il bleu ? » Les interrogations vraiment immenses sont si enfantines qu’il paraît ahurissant que la science n’ait pas la première idée de la réponse : « Pourquoi l’univers ne marche-t-il pas à l’envers ? » ou « Pourquoi le rouge est-il rouge ? »

Imaginez un monde plat et circulaire, porté par quatre éléphants juchés sur une gigantesque tortue qui parcoure le cosmos, un monde régi par la magie, qui fonctionne au narrativium –une substance bigrement puissante-, et vous obtenez un univers parfaitement cohérent où vivent des gens « qui possèdent un solide bagage de bon sens, un des ennemis naturels de la science ».

C’est sur ce Disque-Monde que les mages de la prestigieuse Université de l’Invisible vont prendre part à une expérience tout à fait insolite, la création d’un monde courbe, dénué de narrativium, où la magie n’a pas cours, et où les choses semblent se produire « parce qu’elles le veulent » ! Bref, un univers insensé qui obéit à des « règles » et où « les souhaits des gens n’interviennent guère dans la marche des évènements ».

A travers leur omniscope, les mages incrédules décident de scruter le développement complètement absurde de ce Globe-Monde, la Terre...

Ce livre se situe en marge des « Annales du Disque-Monde », une suite de romans parodiques de Fantasy. Il alterne récit et vulgarisation scientifique de très bonne tenue sur un ton décalé et humoristique.

« - Vous savez, ce programme nous en apprend certainement beaucoup, dit Ridculle. Mais surtout qu’on doit être reconnaissants de vivre sur un monde normal. »

Les chapitres scientifiques, rédigés par Ian Stewart (mathématicien) et Jack Cohen (biologiste), nous parlent de physique des particules et de mécanique quantique, de l’origine de l’univers et de la relativité, de l’apparition du vivant, de l’ADN et de l’évolution des espèces, des grandes extinctions et des dinosaures, de l’homme, du cerveau et de l’esprit jusqu’aux défis que posent l’exploration spatiale...

L’occasion pour tout un chacun de faire le point sur les connaissances les plus actuelles dans de nombreux domaines et de dissiper (selon l’expression des auteurs) un bon nombre de « mensonges pour enfants » qui perdurent souvent à l’âge adulte.

samedi 15 septembre 2007

Karcher, partenaire des journées du patrimoine

Cela fera sûrement plaisir au Président Sarkosy.
Pour ceux que le sujet intéresse, cliquez ici.




Merci Alain

jeudi 13 septembre 2007

Un Dauphin en cour carrée

Le week-end dernier, pour célébrer le centenaire du premier vol vertical, la Marine Nationale a fait attérrir un "Dauphin" dans la cour carrée du Louvre. Il s'agit d'un hélicoptère de dernière génération utilisé dans les missions de Service Public, notamment les sauvetages en mer.


Le PDG du Louvre, Henri Loyrette était à bord de l'appareil, ce qui lui a valu cette petite dédidace.


C'est en 1907 que les premiers essais furent conduits en France par Paul Cornu à Coquainvilliers, Louis Breguet à Douai et Maurice Léger à Marchais.

Une maquette du prototype de Paul Cornu était également exposé.

jeudi 6 septembre 2007

Anselm fait « kiffer » le Louvre

Depuis Georges Braque en 1953, Anselm Kiefer est le second artiste contemporain à qui le Louvre commande un décor permanent. Sacrée distinction !

L'artiste allemand réalisera donc une peinture monumentale sur le thème des constellations et des rites funéraires, qui ornera bientôt l’escalier égyptien de la Colonnade (à l’angle nord-est de la cour carrée). Elle sera dévoilée le 25 octobre prochain.

En attendant, pour vous faire une idée de l’oeuvre d’Anselm Kiefer (légèrement déprimante à mon goût) cliquez ici.

Loin de moi l'intention de critiquer le Louvre pour avoir sollicité l’intervention d’un artiste vivant au sein de l’illustre palais, même si je n’aime pas particulièrement l’art contemporain. En outre, il est vrai que le palais du Louvre a toujours constitué un cadre privilégié pour les commandes de décors peints et sculptés.

Cela dit, ce genre d’évènement ne s’étant plus produit depuis un demi-siècle, il est légitime de s’interroger sur l’image que le musée souhaite véhiculer.

En effet, le Louvre n’en finit pas de vouloir se détacher de son image de musée d’art classique, jugée trop vieillotte... quitte à parfois carrément verser dans le mauvais goût !

J’en veux pour preuve le nouveau visuel de la carte Louvre Jeune (que je conseille, au passage, vivement au moins de 26 ans) commandé à Françoise Quardon où l’ « artiste » s’est elle-même mise en scène.

Après l’art contemporain, le Louvre aurait-il l’intention désormais de s’ouvrir à la Fantasy de pacotille ?


Ce "visuel" s'inspire du tableau d'Otto Marseus van Schrieck, "Serpents et papillons dans un sous bois".

mardi 4 septembre 2007

Affluence de folie, 50''

Cet été au Louvre. Cela se passe de commentaires...



Le célèbre musée parisien a reçu l'an dernier 8,3 millions de visiteurs, contre 7,5 millions en 2005, selon les estimations réalisées en interne.

Le Louvre est ainsi le musée "le plus fréquenté en France et dans le monde", comme le souligne la Direction de l'établissement.

vendredi 10 août 2007

Le Louvre, jour de pluie

Dès qu'il pleut, la pyramide du Louvre se transforme en hall de gare. Et contrairement aux dimanches gratuits, il faut d'abord passer par les caisses pour accéder au musée. Comme vous pouvez le constater, le Louvre ne reçoit que des touristes extrêmement motivés...

A gauche, vous avez pu remarquer, qu'en cas d'intempéries, la fameuse pyramide de Pei, fuit !

L'impossible traversée...

mercredi 8 août 2007

Dimanche gratuit

L'avantage, c'est qu'il n'y avait pas de queue aux caisses...




Ce dimanche 5 août, en accueillant 54 000 visiteurs du monde entier, le Louvre a établi un nouveau record de fréquentation. Chapeau aux agents de sécurité, d'accueil et de surveillance qui ont dû gérer un flux de touristes estimé à 71 000 passages. Ils ont fini la journée sur les rotules...

mardi 7 août 2007

Au Louvre, gagnez en émotion !


Désengagement de l'Etat oblige, le Louvre doit chercher des sponsors de plus en plus insolites pour augmenter son taux d'autofinancement. Le "contrat de performance" que le musée a signé avec ses tutelles l'y contraint. Mais une question reste en suspend: à quand des courses de chevaux dans les jardins du Carrousel ? Après tout, il existe déjà les "dimanches vitalité" aux Tuileries sponsorisés par VITTEL et ce ne serait que renouer avec la tradition... En attendant que ça arrrive, vous pouvez toujours parier sur les mouvements d'oeuvres: par exemple, où se trouve l'infante Marie Marguerite de Vélasquez ?

Réponse A: à sa place, au 1er étage de l'aile Denon
Réponse B: à Atlanta
Réponse C: à Lens
Réponse D: à Abou Dhabi
Réponse E: ce n'est pas un Vélasquez

samedi 23 juin 2007

"Arrêt sur images" arrêté

On vient de me supprimer une de mes émission favorite: "Arrêt sur images" diffusée le dimanche midi sur France 5. Autant vous dire que je ne suis pas content ! D'autant que cette suppression fut décidée dans des conditions assez troubles. Pour vous en convaincre, allez donc visionner l'interview très instructive de Daniel Schneidermann sur le blog de Reporters sans frontière. Pour commencer, le principal intéressé, le présentateur lui-même, a appris la nouvelle par la presse dans un article en ligne du Point qui avait bénéficié de "fuites" organisées par la direction de France 5. Mais pour le journaliste, la décision émane clairement des plus hautes instances du groupe France Télévision et donc de Patrick de Carolis. A ce niveau, les sphères du pouvoir sont toutes proches et on peut se demander si cette suppression ne revêt pas un caractère politique. Depuis un sujet consacré à Béatrice Schonberg, présentatrice du JT de France 2 et épouse du ministre Jean-Louis Borloo, et des conflits d'intérêt qui pourraient résulter de cette situation (on peut en dire autant de Christine Ockrent désormais), l'ambiance de travail s'était considérablement dégradée, aux dires de Schneidermann. En outre, les chroniqueurs d'ASI décortiquaient régulièrement les discours des hommes politiques et notamment ceux du candidat Sarkozy. Serait-il brusquement devenu inconvenant de s'intéresser de trop près aux techniques de communication de la nouvelle équipe en place ? Y a t-il eu des pressions politiques pour mettre fin à cette émission devenue un peu trop impertinente pour une droite désormais décomplexée ? Impossible à dire, preuves à l'appui en tout cas... Disons simplement que cette décision a été officiellement annoncée après le second tour des présidentielles, lundi dernier, juste après le résultat des élections législatives… Quoi qu'il en soit, c'est bien dommage de voir disparaître "la seule émission de critique de la télé à la télé" qui décodait chaque semaine le traitement de l'actualité par le petit écran. Elle était pourtant plus nécessaire que jamais alors que les patrons de chaines ressemblent de plus en plus à des clients du pouvoir.

Une tribune de soutien a été publiée dans Libération et de nombreux internautes se mobilisent à travers les blog, les sites de Libération, de Marianne-en-ligne ou d'Acrimed. Si comme moi, vous étiez fan de cette émission, vous pouvez signer la pétition de soutien en ligne. Déjà plus de 70 000 signatures en une semaine, il y a là de quoi réfléchir…

mercredi 30 mai 2007

Le Louvre s'implante dans le nord

Loin des sables d'Abou Dhabi, mais beaucoup plus près de Paris, le musée du Louvre a un autre projet d'implantation, à Lens. Il s'agira cette fois-ci d'une véritable antenne du musée parisien et non d'un label concédé pour 30 ans.

Le projet de créer une antenne du Louvre en Région remonte à 2003. On se souvient que 6 villes du nord de la France se portèrent candidates. Et c'est le site qu'a proposé la ville de Lens qui rafla la mise: un ancien carreau de mine désaffecté depuis 1960. Les 20 ha disponibles rendaient possible la réalisation sans contrainte d'un bâtiment contemporain, comme le souhaitait le Louvre. En terme d'image, le Louvre est fier de montrer qu'il participe à la valorisation d'un territoire défavorisé. D'un point de vue économique, le Louvre-Lens espère bien attirer la clientèle anglaise, belge et néerlandaise grâce notamment au réseau d'autoroutes (A1, A26) et à sa gare TGV.




Ce nouveau musée sera très différent de son grand frère dans son concept. L'ambition affichée est de présenter les œuvres autrement afin d'aller à la rencontre de nouveaux publics. Il s'agira davantage d'un lieu d'expérimentation que d'un Louvre bis en petit. En effet, la marge d'innovation est très étroite dans les murs du vieux palais dont l'espace a été sacralisé par des générations de visiteurs. A Lens, les collections du Louvre seront présentées de façon temporaire et transversale. Les réserves seront visibles et visitables et le public pourra suivre les opérations de restauration. L'accent sera mis sur la médiation pour éduquer le regard du visiteur en s'appuyant sur les NTIC. Le musée du Louvre, en partenariat avec DNP est déjà largement impliqué dans ce genre d'expérimentation high-tech dans le cadre du projet Museum Lab.

Ce projet s'inscrit dans une politique de décentralisation des grands établissements culturels parisiens engagée en 2003. Le coût du projet est évalué à 127 millions d'euros, mais le Louvre n'aura pas à débourser le moindre centime ! En effet, 60% des frais sont pris en charge par la région, 20% par l'Union européenne, 10% par le département du Pas-de-Calais et 10% par la communauté de commune Lens-Liévin. Le Louvre, pour sa part, apporte son "expertise" mais surtout ses œuvres ! Le budget prévisionnel de fonctionnement est estimé à 12 millions d'euros pour un effectif de 120 à 150 agents.
En tout, le nouveau bâtiment occupera un espace de 28 000 m2 dont 4200 m2 d'exposition consacrés au Louvre et 1900 m2 à d'autres expositions temporaires. Le nouvel établissement sera également doté d'un grand auditorium, d'une médiathèque et d'un centre de ressources.

La maîtrise d'œuvre sera confiée à l'agence japonaise Sanaa qui a remporté le concours d’architecture. Parmi les réalisations de cette agence, on peut citer le Glass Pavilion du musées de Toledo aux Etats-Unis et le Musée d'art contemporain du 21ème siècle de Kanazawa.
La vidéo en ligne sur le site du Louvre-Lens promet un musée très éthéré ! Pour ma part, je ne le trouve pas du meilleur goût. J'ai bien peur que le bâtiment ne vieillisse mal et qu'il soit peu fonctionnel. Mais ce n'est qu'une impression. De toute façon, l'objectif voulu est de rendre tout visible, y compris les réserves. Alors...

L’antenne de Lens doit ouvrir ses portes en 2010. Pour patienter d’ici là, plusieurs évènements promotionnels sont programmés parmi lesquelles on peut citer :


- « La route du Louvre », un évènement sportif qui regroupe un marathon, une course de 10 km et une randonnée pédestre entre Lille et le nouveau site. La première édition a eu lieu en 2006 et a rassemblée 2800 participants. Le marathon est destiné à prendre de l’importance puisque l’édition 2007 sera qualificative pour les championnats de France.

- « Les Beffrois du Louvre », une série d’expositions qui s’inspire de l’opération « Les beffrois de la culture » conduite en 2004. Huit « beffrois » seront organisés, un pour chacun des départements du Louvre. Le premier aura lieu en automne 2007 à Louvroil, proche de Valenciennes, et présentera une oeuvre égyptienne.

samedi 26 mai 2007

En finir avec la théorie néo-classique

Vous avez peut-être déjà remarqué qu’une des raisons d’être de ce blog est de diffuser, d’expliquer et de soutenir les tentatives de déconstruction du modèle économique dominant. De démolir une fois pour toutes l’idée qu’il n’y a qu’une bonne façon de faire de l’économie. Tony Blair est le chantre de ce type de discours, répétant inlassablement qu’en économie, il y a ce qui marche et ce qui ne marche pas. Eh bien non, il a tort.

Par exemple, la production et la distribution d’électricité en France, ça marche bien. EDF est une entreprise en bonne santé, les infrastructures sont fiables, tout le monde a accès au réseau électrique, les prix pratiqués ne sont pas prohibitifs. Bref, c’est un service public de qualité qui répond à un besoin essentiel. Comme l’eau d’ailleurs mais j’en parlerai un autre jour. Pourtant, il semble que cela ne suffise pas. En juillet 2007, ce secteur sera privatisé. Au nom de quoi ? De la concurrence ? - ce qui suppose déjà qu’un système concurrentiel est par nature plus efficace qu’un service public - Pourtant, dans tous les pays où cette privatisation a eu lieu en Europe, les prix ont augmentés. Et je ne vous parle pas des pannes qui ont plongé à plusieurs reprises la Californie dans le noir...

Non, la majorité des choix qui sont faits par nos gouvernements sont d’ordre idéologique. Eh oui, les bonnes vieilles idéologies ont toujours le vent en poupe, elles qu’on croyait mortes depuis la chute du communisme en URSS. Elles sont pourtant nombreuses : créationnisme, évangélisme, néo-libéralisme, islamisme, socialisme du 21ème siècle en Amérique du sud... Non, décidément, les idéologies sont toujours là. Ce qu’il nous manque en fait, c’est une grande Utopie, - le communisme a joué ce rôle par le passé - , capable de contester et de faire évoluer le modèle dominant.

Pour cela, il est nécessaire de démontrer le plus clairement possible, contre la théorie néo-classique, que l’économie n’a rien d’une science exacte, que ses supposées « lois » (comme celle « de l’offre et de la demande ») n’existent pas. Tout au plus l’économie peut-elle revendiquer sa place aux cotés des autres sciences sociales, au premier rang desquelles figurent l’histoire, la sociologie et la psychologie.


Le Hors-série d’Alternatives économiques, actuellement en kiosque et consacré à l’histoire de la pensée économique y parvient tellement bien que je vous encourage à l’acheter. Je vous en proposerai d’ailleurs bientôt une vaste synthèse. Que les auteurs me pardonnent par avance les paraphrases que je ne manquerai pas de commettre, inévitables dans ce genre d’exercice.

Les Français, même cultivés, manquent cruellement de culture économique. Pour beaucoup, les seuls cours d’économie qu’ils ont suivi remontent à la classe de seconde. Pourtant, à longueur de journée, journalistes, banquiers, analystes financiers, hommes politiques, diffusés dans les médias de masse, nous assomment de chiffres et d’idées préconçues. Ce sont eux qui façonnent l’opinion alors qu’ils ne font le plus souvent qu’annoner un jargon économico-scientifique que personne ne comprend, à la manière du Docteur Diafoirus de Molière. Et pour cause, personne, ni les économistes du FMI ou de la BIRD, ni les hommes politiques ou les universitaires, ni les statisticiens ou les prix Nobel et encore moins Jacques Attali ou Alain Minc, n’est en mesure d’expliquer, de théoriser, de modéliser quelle forme prendrait la mise en place d’un système économique efficace. Tout simplement parce que les rapports d’échanges entre les êtres humains sont infiniment plus complexes à décrire que le système climatique planétaire et impossibles à mettre en équation. Sauf à faire de l’économie purement virtuelle, transcendante en quelque sorte, sans aucune prise avec le réel. De l’idéologie, donc.

Seule une vaste entreprise de déconstruction nous permettra d’imaginer, d’inventer et d’élaborer d’autres modes de développement, plus respectueux de l’être humain, des apports de chaque individu et, je l’espère, de la planète.

vendredi 25 mai 2007

La Tribune de l'art enfin accessible depuis les Emirats

"La Tribune de l'art", qui s'est montrée très critique envers l'opération du Louvre et des musées français à Abou Dhabi était censurée depuis au moins 4 mois dans les Emirats Arabes Unis. Bonne nouvelle, un correspondant du site actuellement à Abou Dhabi indique qu’il est désormais possible de le consulter. Il faut dire que maintenant que l'accord est signé, ça n'a plus guère d'importance. Mais je me demande encore la raison d'une telle démarche étant donné que tous les protagonistes de l'affaire ont été mis devant le fait accompli par le Quai d'Orsay et qu'il n'y avait vraiment aucun risque qu'un grain de sable vienne enrayer le projet...

mercredi 23 mai 2007

lundi 21 mai 2007

L'héritage de mai 68


Merci à Jan de m'avoir signalé ce dessin humoristique qui correspond parfaitement à ce que je pense de ce genre de déclarations démago. Salut à tous ! Ne vous laissez pas endormir et surtout gardez votre esprit critique !

samedi 19 mai 2007

Charité bien ordonnée...

Selon le Figaro, il existe en France 128 régimes spéciaux, aussi bien publics que privés. Parmi ceux qui en bénéficient, on trouve les employés d'EDF-GDF, de la SNCF ou de la RATP dont on parle beaucoup mais aussi les employés de l'Opéra de Paris, de la Comédie Française ou les marins-pêcheurs… dont on parle peu.

Et puis, il y a les régimes spéciaux dont on ne parle pas du tout. Ce sont pourtant les plus généreux de France ! Je pense bien entendu aux régimes spéciaux de nos chers élus qui servent le pays avec tant de désintéressement.

Pour s’y retrouver, il convient de distinguer le régime des parlementaires (députés et sénateurs, députés européens) de celui des élus locaux (maire, conseiller régional…), en gardant bien à l'esprit que les deux dispositifs peuvent se cumuler.

I. Le régime de retraite des parlementaires

Un député cotise double pendant les 15 premières années de mandat. Ce qui veut dire que 15 ans à l'Assemblée = 30 ans de cotisations. En cas de non-réélection, il dispose également d'une confortable allocation de retour à l'emploi.

Depuis peu, le droit à pension est désormais ouvert à l'âge de 60 ans (55 ans auparavant) pour les députés. Il est susceptible d'être ramené à 55 ans pour les anciens députés qui acceptent un abattement temporaire. Selon mes informations, celui des sénateurs est toujours à 53 ans.

Les députés et sénateurs issus du privé peuvent percevoir en plus la retraite de leur profession d'origine au prorata des années effectuées moins le temps de leur mandat. Ceux de la Fonction Publique sont doublement avantagés, puisqu'ils continuent, eux, de cotiser en même temps dans leur corps d'origine.

II. Le régime de retraite des élus locaux

Les élus locaux (qui peuvent aussi être des parlementaires) bénéficient d'un régime de retraite obligatoire auquel peut s'ajouter un régime complémentaire par capitalisation. L'un comme l'autre sont très avantageux.

1 : Le régime de retraite obligatoire

Tous les élus locaux qui perçoivent une indemnité de fonction peuvent bénéficier du régime de retraite, qu’ils aient une activité professionnelle ou non. Les élus sont obligatoirement affiliés à l’Ircantec, organisme géré par la Caisse des dépôts.

Les cotisations comprennent deux parts : l’une à la charge de l’élu, l’autre (plus importante) à la charge de la collectivité.

2 : Le régime de retraite complémentaire

Tous les élus qui perçoivent une indemnité de fonction peuvent cotiser à ce régime de retraite complémentaire, à l’exception de ceux qui sont affiliés à l’assurance vieillesse du régime général de la sécurité sociale au titre de leur mandat électif.

Ce dispositif facultatif est un régime de capitalisation par rente financée pour moitié par la collectivité territoriale.

Du coup, l’élu double son épargne grâce à l’apport obligatoire de sa collectivité et peut se constituer une épargne retraite individuelle, cumulable avec tout autre régime de retraite, sans limite d’age. Pour 1 euros versé, 2 sont épargnés. Le plafond maximum des taux de cotisations est fixé à 8 % pour la collectivité et à 8 % pour l’élu.
Chaque élu dispose donc d’un compte d’épargne retraite individuel constitué de ses cotisations et de celles de sa collectivité, augmentées, chaque année, des intérêts produits par les placements.

La loi autorise la rétroactivité des cotisations, avec un versement équivalent de la collectivité.

En cas de cumul de fonctions électives, il est possible de cotiser pour chacun des mandats.

En cas d’interruption de leur mandat, les élus peuvent poursuivre à titre personnel, des versements sur leur compte individuel d’épargne.

Chaque adhérent à la possibilité de demander le bénéfice de son droit à rente, dès 55 ans, sans minoration, même s’il exerce encore un mandat électif.

Cerise sur le gâteau, il n’a pas l’obligation, en fin de mandat, de demander le service de sa rente. Il peut en effet différer la liquidation de celle-ci et maintenir son capital acquis sur son compte individuel, lequel continuera à produire, chaque année, des intérêts capitalisés. Son capital sera ainsi intégralement transmis à ses héritiers, sans droit de succession. Du Sarkozy avant l’heure.

III. Le jackpot du "cumul"

Elus locaux et salariés relevant de l'Ircantec (exerçant une activité dans la Fonction Publique sans être fonctionnaire) cotisent sous deux régimes différents. En conséquence, il est possible de percevoir une retraite de salarié tout en continuant à exercer un mandat électif et réciproquement.

Bien entendu, d'autres pensions de retraites avantageuses peuvent s'ajouter lorsque l'on a occupé de hautes fonctions dans l'Etat: parlementaire, secrétaire d'Etat, ministre ou Président par exemple. C'est ainsi que Jacques Chirac, toutes pensions confondues, part à la retraite en touchant dans les 30 000 euros par mois.

Enfin, les pensions de retraites peuvent s'ajouter aux traitements (imposables) et aux indemnités (non-imposables) déjà conséquents des différents mandats électifs. Ce qui permet à certains élus de percevoir des sommes indécentes, au titre de ces nombreux régimes spéciaux, alors que ce sont les premiers à s’indigner au nom de l'équité du traitement « avantageux » de certaines catégories de Français !

Une consolation tout de même: cet article devrait faire naître de nombreuses vocations citoyennes...

vendredi 18 mai 2007

La dernière vague

Maître de L'Énéide, vers 1530, Limoges
Les Grecs se cachent dans le cheval de Troie
Émail peint sur cuivre, musée du Louvre

Prudent et avisé, le roi de la Sarkozie a réuni l'équipage éprouvé qui doit le conduire à bon port sans trop d'avaries. Passé le cap des Législatives, il espère prendre de la vitesse, porté par une belle vague bleue. Accostant au bord du gouffre de la Rupture, il pourra décharger tranquillement sa douteuse cargaison, enfouie dans les profondeurs du vaisseau. Il avait suffi d'un simple cheval de bois pour s'emparer de l'inexpugnable ville de Troie. Notre Ulysse des temps modernes le sait et se souvient que c'est en flattant ses ennemis qu'on obtient parfois les plus belles victoires. C'est masqué qu'il s'apprête à franchir les derniers stades qui le séparent du point de non-retour. Le chant des sirènes a remplacé la harangue du chef de guerre. Rusé, il se fait tout miel, joue l'ouverture et préserve finalement la Culture de peur d'affronter une ultime levée de boucliers avant la dernière échéance électorale. Mais déjà, la citadelle élyséenne est prise, la noblesse ralliée. La populace est crédule, elle acclame son nouveau maître. Les ultimes poches de résistance se disloquent. La guerre est finie. Le sac peut commencer…

samedi 12 mai 2007

Sarkozy et la culture


Laissons de côté ce qui s'apparente à des voeux pieux ou à des incantations, et posons nous cette question: quelles sont les orientations nouvelles pour lesquelles Nicolas Sarkozy est prêt à s'en donner les moyens ? J'en vois au moins 7.

- Créer un super-ministère de l'éducation, de la culture et des médias.

Nicolas Sarkozy a promis un gouvernement resserré à 15 ministres (contre une trentaine aujourd'hui). Du coup, il faudra bien faire des rapprochements ministériels. Si le ministère de la Culture devient un simple secrétariat d'Etat, cela ne changera pas grand-chose dans les faits. Sur le plan symbolique, c'est autre chose...

Du côté des crédits, c'est le statu quo. A priori, pas d'augmentation, mais pas de baisse non plus. En revanche Nicolas Sarkozy opte clairement pour un financement à l'américaine de la culture et encouragera le mécenat et la création de fondations privées. Il souhaite même fixer des obligations de résultat aux établissements culturels en matière de mécénat.

- Faire de l'enseignement artistique le pilier de la démocratisation culturelle

A ce sujet, le candidat s'est engagé "à ce que les moyens affectés et le rythme de créations de postes soient à la hauteur des besoins de chaque établissement scolaire". Un comble pour celui qui veut supprimer massivement des postes de fonctionnaires !

Dans le domaine audiovisuel comme partout, Nicolas Sarkozy veut favoriser les partenariats et le mécénat privés et s'oppose à toute augmentation de la redevance comme à la privatisation de France 2.

- Restructurer le réseau des centres culturels à l'étranger

Nicolas Sarkozy a la volonté de réduire les effectifs des ambassades françaises dans l'Union européenne et envisage un rédéploiement stratégique du réseau, a priori en direction des pays d'Amérique et d'Asie.

Concrètement, il souhaite désigner un unique "pilote de la politique culturelle extérieure" (la concentration des opérateurs déjà existants dans une nouvelle structure) et propose la création d'une école française d'archéologie en Afrique noire.

- Attirer les élites universitaires étrangères

Pour cela, c'est la réforme de l'enseignement supérieur qui est en ligne de mire afin de donner aux universités plus de moyens. Donc -on imagine-, plus de sélection, plus d'autonomie de gestion, plus de frais d'inscription et moins d'étudiants...

Dans la droite ligne de sa doctrine "d'immigration choisie", le projet de loi sur l'immigration et l'intégration comportera des dispositions favorables aux étudiants étrangers de haut niveau. L'objectif est de "recruter" non plus seulement des étudiants des pays francophones mais aussi des pays émergents comme l'Inde et la Chine. Avec à la clef un enseignement en anglais ?

- Réformer le mode d'attribution des aides à la création et au spectacle vivant

Comme pour le cinéma, le but est de confier l'attribution de ces aides à des agences indépendantes, composées de professionnels et de représentants du public. Le gouvernement fixera les "objectifs d'intérêt général". Le "succès auprès du public" sera l'un des critères d'attribution.

Dans le cinéma, une partie des crédits devrait être distribuée en fonction des recettes à l'exportation des films.

En matière de droit d'auteur, Nicolas Sarkozy s'oppose clairement à la "
licence globale". Vu son comité de soutien, on comprend pourquoi !

- Concentrer les moyens de l'audiovisuel extérieur

La volonté de mettre en place une politique offensive en matière de rayonnement de la France s'accompagnera d'une concentration de ce secteur: réduction du nombre des acteurs, rationalisation des structures, mise en place d'un pilotage reserré. Et après la concentration, la privatisation ?

- Rénover l'ensemble du patrimoine monumental

Nicolas Sarkozy propose un plan de 4 millards d'euros sur dix ans (il se croit déjà réélu ma parole !) pour "rendre sa splendeur aux 490 monuments majeurs" du pays. Soit 400 millions d'euros par an. Dans les faits, ce n'est même pas un retour à la situation de 2003 (494 millions d'euros) avant la chute des crédits à 253 millions, décidée en 2004 par le gouvernement Raffarin.

- La gratuité des musées nationaux ?

Des annonces ont été faites en ce sens, mais cela paraît peu probable et n'a pas été repris dans le programme officiel. On peut néanmoins envisager d'étendre la gratuité pour tous à tous les dimanches (au lieu du 1er de chaque mois) ou de l'accorder au moins de 25 ans (au lieu des moins de 18).

vendredi 11 mai 2007

Al Gore et Davis Guggenheim, « Une vérité qui dérange », DVD, 2007

« C'est un film très bien fait, à l'américaine, avec de l'humour, des applaudissements… En deux heures, il en fait plus pour l'environnement que moi en dix ans ! » Yann Arthus-Bertrand

Al Gore se présente lui-même comme l’ex-« futur Président des Etats-Unis » suite à sa défaite face à George W. Bush en 2000. Actuellement, il milite activement pour que son pays ratifie le protocole de Kyoto qui vise à réduire, au niveau mondial, les émissions de gaz à effet de serre. Depuis 2000, Al Gore a sillonné la planète pour donner une série de conférences sur le thème du réchauffement climatique. Ce film, réalisé par Davis Guggenheim, reconstitue l’une de ces présentations multimédias ponctuée par des séquences relatant des évènements de la vie personnelle d’Al Gore.

On ne s’ennuie pas un instant à regarder ce documentaire convaincant. Al Gore y met tout le poids de sa notoriété et développe un argumentaire efficace, à l’américaine, pour démontrer l’urgence de la situation climatique. Gore fait un peu son show, humour et suspens à l’appui, mais pour sensibiliser le public le plus large, c’est bien compréhensible, n’en déplaise à Claude Allègre. Il dénonce notamment la manipulation organisée par certains pour installer le doute dans l’opinion publique.

Côté solutions, pas de miracle. Al Gore préconise avant tout les économies d’énergie qui sont pour le moment le moyen le plus simple et le plus rapide de faire baisser les émissions de CO2. En attendant que les énergies renouvelables et de nouvelles technologies prennent le relais du pétrole... (on l’espère !)

Disponible dans tous les bons vidéo clubs.

jeudi 10 mai 2007

Ekopédia, le wiki des techniques alternatives de vie

Ce n'est pas parce que Dominique Voynet a fait un score ridicule aux présidentielles qu'il faut enterrer l'écologie pour autant. J'en veux pour preuve ce nouveau venu dans l'univers wiki de la libre contribution. Ekopédia fourmille d'informations pour répondre aux défis écologiques du quotidien. Son interface est une copie conforme de celle de Wikipédia, la célèbre encyclopédie libre du net. L'internaute y trouvera un ensemble de fiches pratiques et d'articles de fond concernant tous les domaines de l'activité humaine (s'alimenter, se loger, se vêtir, se déplacer…). Au-delà de la prise de concience, elle apporte des solutions simples à mettre en œuvre pour nous aider à modifier nos comportements et favoriser l'émergence d'un mode de vie plus respectueux de l'environnement. Cette encyclopédie, d'initiation canadienne, est actuellement riche de plus de 1300 articles en français et vient de s'ouvrir à l'anglais et à l'espéranto. Et tout le monde peut apporter sa pierre à l'édifice…

http://fr.ekopedia.org/

mardi 8 mai 2007

Bernard Maris, « Antimanuel d’économie, Tome I, Les fourmis », Bréal

Si vos derniers souvenirs d’économie remontent à la classe de seconde, ce livre est pour vous ! Abordable et très structuré, il constitue un outil précieux pour décrypter le langage des apôtres de la guerre économique. A première vue, son titre comme sa dédicace laisse présager un écrit peu conformiste :

« A l’économiste inconnu, mort pour la guerre économique, qui toute sa vie expliqua magnifiquement le lendemain pourquoi il s’était trompé la veille, à tous ceux, bien vivants, qui savourent le mot gratuité. »

Pourtant, dans cet ouvrage magnifiquement illustré, Bernard Maris en revient aux fondamentaux de la théorie économique et nous propose une mise en perspective, pertinente et instructive, de deux siècles de pensée économique. Chaque chapitre se clôt par des extraits de textes : d’économistes bien sûr (Keynes, Ricardo, Stiglitz...) de philosophes (Montesquieu, Heidegger, Baudrillard,...), mais aussi de romanciers (Maupassant, Zola, Orwell...).

Ce premier tome raconte la rareté et le partage. C’est celui des fourmis, égoïstes et calculatrices qui constituent « la partie émergée de l’iceberg économique ». Il décrit un monde dominé par les marchands. Il aborde de façon lumineuse des notions fondamentales comme celles de marché, de libre-échange, de concurrence ou de croissance et apporte un nouvel éclairage sur les questions essentielles que pose l’économie : Qu’est-ce que la valeur ? La richesse ? Le partage ? Il bouscule également des idées reçus et démontre, par exemple, pourquoi la coopération est plus efficace que la concurrence.

Manifestement, Bernard Maris refuse de laisser aux statisticiens et aux experts autoproclamés le monopole du discours économique. Car on ne peut mesurer que le quantifiable. Dans ces conditions, « l’esperanto économique est-il le jargon d’une science dure, le sabir d’une science molle, ou le cache-misère d’une science nulle ? »


Introduction : Faut-il rire des économistes ?

Partie I : Principes de scolastique économique
1. Science dure, science molle ou science nulle ?
2. La politique dans l’économie
3. Le langage du pouvoir

Partie II : La guerre économique
4. Marchés et concurrence
5. Mondialisation et commerce international
6. Enron et les sept familles

Partie III : Le nerf de la guerre
7. L’argent
8. La Bourse et les marchés financiers

Partie IV : Le butin
9. Le partage
10. Qu’est-ce que la richesse ?
11. L’autre économie

Conclusion : Eloge de la gratuité


Le second tome de cet « Antimanuel » consacrera la revanche des cigales et nous entraînera dans une réflexion aux frontières et au-delà de l’économie.

dimanche 6 mai 2007

samedi 5 mai 2007

L’art contemporain au Louvre : Contrepoint III

En ouvrant ses portes à l’art contemporain, le Louvre a effectué une petite révolution de palais en bousculant son public de toujours, amateurs d’art classique et « amis du Louvre », mais aussi de nombreux conservateurs. Cette politique audacieuse a été impulsée par Henri Loyrette, son actuel président-directeur général.

Depuis 2004, le vénérable musée parisien organise régulièrement une manifestation mécènée (comme il se doit) par la Caisse des dépôts, intitulée « Contrepoint ». Son ambition est de faire « dialoguer l’art du passé avec la création contemporaine ». Dans la réalité, c’est surtout la circonspection qui domine. La plupart du temps, personne n’y comprend rien, mais au final tout le monde a un avis, binaire en général, « j’aime bien » ou « c’est moche ».

Autre audace, pour l’année du Brésil en France en 2005, une oeuvre monumentale du Brésilien Tunga était présentée en plein milieu du Hall Napoléon sous pyramide, suscitant la curiosité et l’incompréhension des visiteurs du monde entier. C’était la première fois que cet espace d’accueil recevait une oeuvre d’art.

D’autres artistes (Barceló, Sarkis...) ont bénéficié de ce nouvel intérêt de la direction pour l’art contemporain. Le musée s’est d’ailleurs doté d’un conservateur général, chargé de mission pour l’art contemporain, en la personne de Marie-Laure Bernadac, également commissaire de l’exposition « Contrepoint », troisième du genre, que vous pouvez voir en ce moment.

L’art contemporain s’adresse directement à notre sensibilité personnelle. Son intérêt réside davantage dans la réaction qu’il provoque en nous que dans sa beauté intrinsèque. C’est pourquoi, une photo valant mieux qu’un long (et abscons) discours, je préfère m’abstenir de commentaire et vous présenter quelques clichés, tant il m’est impossible de discourir sur des oeuvres dont je ne perçois, bien souvent, ni l’intérêt artistique, ni la beauté.

Après la porcelaine, c’est la sculpture que « Contrepoint III » met à l’honneur cette année.

Didier Trenet, "Douce Douche"


Richard Deacon, "Garden"


Gloria Friedmann, "Les Contemporains"


Giuseppe Penone, "L'Arbre de 10 mètres"


Claudio Parmiggiani, "Ex Voto"


Jacques Vieille, "Charlotte des Bois"


Elisabeth Ballet, "Bump Piece"


Luciano Fabro, Cul de ciel"


Pour consulter le communiqué de presse de l'exposition, cliquez ici

jeudi 3 mai 2007

Avant qu'il ne soit trop tard...

Ségolène Royal n'a pas réussi hier à démonter le programme de M. Sarkozy. Elle n'est pas parvenue à pointer les risques qu'il faisait courir au pays. Elle n'a pas su mettre en lumière le véritable changement de nature de la société qu'il propose. Et pourtant, les arguments contre les propositions du candidat de l'UMP ne manquent pas !

Nicolas Sarkozy, lui, s'est contenté de dérouler tranquillement son argumentaire, simpliste et bien rodé, entendu mille fois sur tous les médias de France et de Navarre depuis 3 ans. Pour reprendre une métaphore chère à François Bayrou, il a continué à tracer son sillon en labourant les esprits avec l'assurance du favori. C'est le principal reproche que je fais à Ségolène Royal. Les démonstrations de Nicolas Sarkozy sont archi-connues. Comment se fait-il alors qu'elle n'ait jamais été en positon de mettre en difficulté son adversaire (à part sur le dossier du nucléaire) ? Pour une fois que Nicolas Sarkozy avait face à lui une contradictrice, on était en droit d'attendre mieux de la candidate socialiste, dont le discours flou et généraliste sur bien des points ne faisait pas mouche.

C'était particulièrement flagrant sur les questions économiques. Des thèmes cruciaux n'ont pas été traités de façon satisfaisante: les risques du contrat de travail unique, l'injustice de la TVA sociale, le choix du financement de la sécurité sociale (et le système de la franchise), la hausse évidente de la dette comme corollaire des baisses massives d'impôts, l'instauration du prêt hypothécaire rechargeable, le renforcement d'une classe de rentiers (bouclier fiscal, suppression de 95% des droits de succession, de l'ISF, baisse de l'impôt sur le revenu), l'organisation de la faillite des services publics (faute de réforme et de crédits)...

Nicolas Sarkozy s'est même payé le luxe d'atténuer son discours libéral en mettant en avant des propositions comme le retour à la préférence communautaire ou l'augmentation des taxes sur les importations, d'autant plus faciles à promettre que ce n'est pas lui qui en décidera.

J'attendais également une sortie de la candidate socialiste contre la mise en cause démagogique de l'esprit de mai 68 comme source de tous les maux de la société, contre le contournement de la carte scolaire (sous prétexte d'excellence) au profit des classes aisées, contre l'autonomie des établissements scolaires et la paupérisation de bon nombre de collèges et de lycées qui en résultera !

C'est pourquoi, j'encourage tous les indécis qui n'ont pas été convaincus par Mme Royal à visionner
ce film qui réfute point par point la réthorique sarkozyste. Il est long (66 minutes) mais a l'immense mérite d'éclairer l'électeur sur les conséquences probables auxquelles le choix de M. Sarkozy nous expose. Avant qu'il ne soit trop tard.

lundi 30 avril 2007

Vous avez dit "populiste" ? (suite)

Après le sujet d'hier sur le populisme, aujourd'hui, la preuve par l'exemple:

«Ce fut une campagne aux prises avec une crise morale comme la France n'en a peut-être jamais connu, sauf peut-être au temps de Jeanne d'Arc.»

«Les héritiers de Mai 68 avaient imposé l'idée que tout se valait, qu'il n'y avait donc désormais aucune différence entre le bien et le mal, aucune différence entre le vrai et le faux, entre le beau et le laid. Ils avaient cherché à faire croire que l'élève valait le maître [...], que la victime comptait moins que le délinquant.»

«Il n'y avait plus de valeurs, plus de hiérarchie»

«Dans cette élection, il s'agit de savoir si l'héritage de Mai 68 doit être perpétué, ou s'il doit être liquidé une bonne fois pour toutes».

«Chers amis, il nous reste huit petits jours pour bâtir le pays le plus prospère au monde, pour rétablir le plein emploi et l'autorité ! J'ai besoin de vous pour être le candidat du peuple de France.»


C'était Nicolas Sarkozy, hier à Bercy.


Comment peut-on se laisser berner par un discours idéologique aussi tranché, réducteur et borné ? Comment peut-on oser affirmer que toutes les difficultés de la France tirent leur origine d'une soi-disante "crise morale" née de mai 68 ? Comment peut-on occulter à ce point les questions de fond et se croire dans le vrai ?

En juillet 2007, en Europe, on va libéraliser l'énergie. Que nous dit M. Sarkozy sur ce sujet, autrement plus pressant et déterminant pour l'avenir ?

source: Libération

dimanche 29 avril 2007

Vous avez dit "populiste" ?

Le blog politique et participatif "Betapolitique" propose une analyse que je trouve intéressante du nouveau visage que prend le populisme actuel et de ses possibles conséquences. Je tenais à le signaler pour que chacun en nourrisse sa réflexion.

En voici un court extrait:

Le populisme sarkozien, maladie infantile du libéralisme

jeudi 26 avril 2007

Le populisme qui contamine la vie politique aura eu pour effet paradoxal de générer une très forte participation électorale. Le populisme a pour effet principal d’ensevelir la question politique (c’est-à-dire le « que faire ? ») sous la problématique des « valeurs » (quelles sont les « vraies » valeurs ?). Le populisme exploite l’angoisse de déclassement, appelle à la préservation de certains privilèges et dissimule l’égoïsme de classe en le drapant de « valeurs éternelles ».

Le « rationnel » et « l’irrationnel » en politique.


Lorsque le « que faire ? » est au centre de l’action politique, la politique devient une sorte de « travail », c’est-à-dire une activité rationnelle qui ajuste des objectifs et des moyens (par exemple, pour relancer la croissance, il faut se déterminer entre une politique de l’offre, une politique de la demande ou un mixte des deux). Quand le politique devient cet « analogon » du travail, la question des « valeurs morales » est subsidiaire. Ce qui est primordial ce sont les compétences d’analyse, de concertation, de mobilisation, etc., qui permettent d’atteindre l’objectif fixé (relancer la croissance). Dans le monde du travail, la compétence prime sur les valeurs, ce que chacun de nous sait fort bien, puisque chacun de nous travaille quotidiennement, et sans encombre particulière, avec des collègues de travail qui sont loin de partager nos valeurs. L’objectif collectif (le travail) permet de transcender les éventuels clivages liés aux diverses « valeurs » de chacun.

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samedi 28 avril 2007

Le Darfour, c'est…

- 400 000 personnes massacrées en 4 ans
- 2 millions d'hommes, de femmes et d'enfants déplacés
- 225 000 réfugiés au Tchad
- 12 travailleurs humanitaires tués et 5 qui ont disparu
- 7 500 soldats africains déployés sur un territoire de 500 000 km2, presque aussi vaste que la France

C'est aussi,

- des bombardements aériens de populations civiles par le régime du président Al-Bachir
- des milices "janjawids" armées, logées et équipées par l'armée régulière soudanaise

Mais c'est surtout,

- l'enjeu du contrôle de l'Ouest et du Sud pétroliers par le pouvoir central de Khartoum
- l'ombre de la Chine, le premier fournisseur d'armes du Soudan, qui lui achète 65% de son or noir
- l'inefficacité de la force africaine qui ne peut que recenser les tueries
- l'hypocrisie des Américains et des Européens qui gesticulent au lieu d'agir

Le Darfour, c'est enfin un génocide qui ne dit pas son nom (le premier du 21ème siècle).

C'est le silence la communauté internationale.


Je salue le travail du collectif "Sauver le Darfour", qui tente de réveiller les conciences.

Source: Darfour, la chronique d’un « génocide ambigu » , le monde diplomatique, mars 2007


jeudi 26 avril 2007

Redéfinir la "modernité"

On ne peut pas refuser la modernité. La question primordiale est donc de s’interroger sur le sens que nous donnons aujourd’hui à cette notion.

Après la chute des grandes idéologies, le capitalisme, qui n’est qu’un mode de production de richesses, s’est retrouvé « triomphant ». Or, le capitalisme actuel est un capitalisme de facilité qui va au profit le plus rapide grâce à l’environnement favorable que lui offre la mondialisation et modifie profondément notre échelle des valeurs et par conséquent notre idée de la modernité. J’y reviendrai dans la présentation que je ferai du livre de jean Peyrelevade, « Le capitalisme total ». En France et ailleurs, il ne cherche plus à se développer en fonction des contraintes et des atouts du pays parce que les multinationales ne s’inscrivent plus dans un territoire. Elles n’ont plus besoin d’un cadre national qui par ailleurs fut protecteur en son temps. La recherche du profit instantané est-elle compatible avec le souci du coût social ou environnemental du développement ? Sans la contrainte d’un Etat fort, la réponse est non. Est-ce cela la modernité ?

Les multinationales ne créent plus de croissance que dans les pays émergents où elles investissent massivement. Espérons qu’ils ne faudra pas un siècle aux travailleurs de ces pays pour se rebeller contre une forme d’exploitation que nous avons connu au 19ème siècle. En mettant en concurrence des systèmes de développement très inégaux, ces grandes firmes distordent la concurrence internationale qui est aussi vieille, par ailleurs, que le capitalisme lui-même. Elles ne réussissent qu’à créer du chômage en Occident, dégager des dividendes faramineuses pour un petit nombres d’actionnaires (souvent les fonds de pension des gentils retraités anglo-saxons) et à polluer davantage la planète. Jamais une génération n’aura autant mis en péril la suivante.

Chômage et inégalités sont inhérents au capitalisme - songez qu’il n’y avait pas de chômage dans les sociétés pré-industrielles -. Si au moins ce système, en créant de la croissance – la sacro-sainte croissance – pouvait supprimer la pauvreté ! Mais non, on préfère désormais s'attaquer aux mécanismes protecteurs et redistributeurs pour favoriser des « champions internationaux» alors que paradoxalement on compte bien plus sur les PME pour faire baisser le chômage. De toute façon, si tout le monde était riche en même temps, il n’y aurait plus de riches. D’où plein emploi = précarité pour beaucoup.

Et si nous tentions de remplacer dans notre hiérarchie des valeurs, la concurrence par l’entraide, l’accumulation par le partage, la croissance par le souci de l’environnement, cela ferait-il de nous des êtres moins « modernes » ?

mercredi 25 avril 2007

Parole de candidat

Nos politiques ont malheureusement pris l'habitude de nous servir des salades, surtout en période électorale. En voici une belle:

"Si je suis élu, j'interdirai les golden-parachutes. Je veux mettre de la moralité dans le capitalisme français".

Qui est l'auteur de cette déclaration ? Arlette Laguiller ? Olivier Besancenot ? Non, c'est Nicolas Sarkozy
qui a réitéré cet engagement, ce soir dans "Face à la Une" sur TF1, alors qu'on l'interrogeait à propos des 8 millions d'euros "d'indemnités" versées à Noël Forgeard par EADS.

C'est Thierry Breton qui va être content...

mardi 24 avril 2007

Vers la fin du « consensus de Washington » ?

Le journal Le monde s’est procuré une version provisoire du « World development report 2008 » rédigé par la Banque Mondiale et qui sera rendu public en septembre.

Espérons que la version finale ne soit pas trop édulcorée, car c’est le premier rapport sur le développement qui s’intéresse à l’agriculture depuis 1982 et « encourage (enfin !) les gouvernements des pays pauvres à encadrer et à soutenir leurs paysanneries ». C’est donc bien d’une réhabilitation de l’intervention de l’Etat dans l’économie qu’il s’agit, à contre-pied donc de la doctrine néo-libérale prônée depuis une génération par cette institution censée lutter contre la pauvreté !

De fait, selon l’un des rédacteurs du rapport "on s'est clairement placés au-delà du consensus de Washington, parce que la pauvreté n'a pas reculé, et que maintenant il y a l'urgence environnementale."

Mais au fait, qu’est-ce que c’est que ce fameux « consensus de Washington » ?

Le « consensus de Washington » reflétait jusqu’à présent la convergence idéologique des « experts » des principales institutions financières de la planète : la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et le Département américain du Trésor. Elaboré sous l’égide de l’économiste John Williamson en 1989, il définit depuis près de 20 ans les grandes politiques économiques mondiales et a donc largement contribué, après l'effondrement de l'URSS, à façonner le visage de la mondialisation telle qu'on la connaît aujourd'hui.

Ce « consensus » résume en 10 points « la bonne politique » à suivre pour un pays en développement :

Les mesures de stabilisation

1) Austérité budgétaire
2) Réduction des subventions
3) Action sur les taux d’intérêt par l’intermédiaire d’une politique monétaire orthodoxe
4) Création d’un taux de change stable et compétitif

Les mesures structurelles

5) Libéralisation des échanges commerciaux
6) Libéralisation des mouvements de capitaux
7) Des réformes fiscales pour accroître le nombre de contribuables en élargissant l’assiette par la généralisation de la TVA et pour obtenir des taux maximaux d'imposition faibles
8) Privatisations
9) Déréglementation
10) Renforcement du droit à la propriété privée

Conçus, à l’origine, pour répondre aux difficultés spécifiques des pays latino-américains, ces principes ont été jugés applicables au monde entier et furent rapidement adoptés par nos élites mondialisées. En Europe, par exemple, ils sont à l’origine du concept de « concurrence libre et non faussée », inscrit au coeur du Traité de Maastricht et du feu Traité constitutionnel européen, qui annonce la destruction des services publics et interdit de mener une politique industrielle européenne.

Ces solutions « standards » dites « d’ajustements structurels », appliquées à l’aveuglette, ont conduit l’Argentine à la ruine, ont plongé la Russie dans une crise sociale de grande ampleur et ont bouleversé les économies émergentes des pays d’Asie à la fin des années 90. Joseph Stiglitz fut l’un des premiers à dénoncer les effets ravageurs de cette politique dans son livre « La grande désillusion ».

Au moment où ce « consensus » semble se fissurer, il serait intéressant de s’interroger sur l’opportunité de mettre en oeuvre le programme économique d’un certain Nicolas S., candidat à l’élection présidentielle française.

Pour aller plus loin, suivez ces liens :

Enterrer le consensus de Washington (ATTAC)
Le « consensus de Washington », appliqué en Amérique Latine (Le monde diplomatique)

lundi 23 avril 2007

Les 15 jours de Bayrou

Encore une fois, une élection nous a réservé son lot de surprises. Si les qualifiés sont ceux qu’on attendait, les scores, eux, sont édifiants.

Une participation exceptionnelle: 84%, du jamais vu depuis très longtemps. La percée de Bayrou, impressionnante. La dégringolade de Le Pen, inespérée. Le niveau atteint par Sarkozy, une performance.

Le résultat, plus qu’honorable, de Ségolène Royal est aussi une surprise, comme son corollaire l’effondrement très net de la gauche de la gauche qui perd ainsi sa capacité d’influence, le PS pouvant maintenant larguer les amarres pour s’arrimer au centre de l’échiquier politique.

Le vote utile a pleinement fonctionné pour le trio de tête. On n’imagine qu’il en sera de même au second tour.

A la lumière du scrutin, il est clair que le rapport de force est en faveur de la droite :

Sarkozy (31,18) + Villiers (2,23) + Le Pen (10,44) = 43,85%

Royal (25,87) + l’ensemble de la gauche = 36,44%

Le grand inconnu au second tour reste le report des voix de F. Bayrou (18,57%) et accessoirement de F. Nihous (1,15%).

Ce sont donc les électeurs UDF qui détiennent la clef du scrutin. En imaginant que F. Bayrou ait réussi son pari de constituer un centre véritablement indépendant et que ses sympathisants se partagent à part égale entre Royal et Sarkozy, ce dernier est assuré d’être élu le 6 mai.

Espérons pour lui que F. Bayrou saura savourer ces 15 jours qui font de lui l’arbitre de cette élection, avant que le vainqueur ne gouverne plus que pour son camp. Au final, les Français auront à choisir entre une gauche molle et une droite dure.

Quant à l’émergence d’un vrai parti du centre, F. Bayrou aura fort à faire pour confirmer son existence lors des législatives.

samedi 21 avril 2007

Présidentielles : enquête exclusive !

La publication de sondages est désormais interdite depuis minuit jusqu’à dimanche 20h00. En France en tout cas. L’institut IPSOS a d’ailleurs publié sa dernière enquête sur les intentions de vote au premier tour, hier à 23h55 (les petits malins).

Mais comme je ne peux résister au petit jeu des pronostics, voici en exclusivité planétaire, ma propre enquête fondée sur des observations ultra-fines des études d’opinion, couplées avec une méthode « maison » de pondération ultra-performante, dite « du doigt mouillé » sans oublier la consultation des astres et l’expertise de Paco Rabanne.

Ce qui nous donne, dans l’ordre :

Nicolas Sarkozy : 26%
Ségolène Royal : 22%

François Bayrou : 17,1% (je vous avais dit que c’était précis !)
Jean-Marie Le Pen : 16,9%

Olivier Besancenot : 4%
Frédéric Nihous : 3%
Arlette Laguiller : 2,5%
Dominique Voynet : 2%
Marie-G. Buffet : 2%
José Bové : 2%
Philippe de Villiers : 2%
Gérard Schivardi : 0,5%

Taux d’abstention : 25%

Qu’en pensez-vous ?

vendredi 20 avril 2007

Si nos candidats étaient des Tour Operators…

Quelles destinations trouverait-on dans leur catalogue ?

Avec Arlette Laguiller, Cuba bien sûr ! C'est magnifique un pays qui n'a pas bougé depuis plus de 30 ans !


Avec José Bové, vous découvrirez la Bolivie et ses champs de coca qu’on ne vous demandera pas de faucher pour une fois.

Frédéric Nihous, organise un stage "ruralité moderne" en Nouvelle-Zélande, pour comprendre comment fonctionne un pays qui compte 13 fois plus de moutons que d'habitants.

François Bayrou vous propose une petite excursion en Allemagne (dans un bus au colza, bien sûr). Au programme, visite de 3 usines par jour. Après tout, le tourisme industriel n’est ni de droite, ni de gauche !

Avec Nicolas Sarkozy, retrouvez, au Texas, tout le charme du Far West, terre de cow-boys et de la loi du plus fort. Un supplément vous sera demandé pour visiter le ranch de Mr Bush.

Olivier Besancenot vous propose un circuit révolutionnaire au coeur du « socialisme du XXIème siècle »: départ du Brésil et visite de la Bolivie, de l’Equateur et du Vénézuela... à sac-à-dos.

Pour sa part, Jean-Marie Le Pen vous entraînera, dans un pays plein de promesses: la Russie. Pour le pire séjour de votre vie.

Marie-Georges Buffet organise, de son côté, une escapade à Saint-Ouen pour en visiter la formidable mairie communiste, bientôt inscrite à l’inventaire des monuments historiques.

Dominique Voynet, quant à elle, vous a choisi une destination insolite, la Mongolie, dont les habitants ont mis au point un modèle de développement économique très prometteur pour la sauvegarde de l’environnement.

Le vicomte Philippe de Villiers vous invite à découvrir ses terres et ses gens en Vendée, on y est si bien, pourquoi aller ailleurs ? Aux plus aventureux, il propose quand même, en option, un séjour extrême en Turquie pour vivre le grand frisson !

Ségolène Royal a l’offre la plus complète : Chili, Espagne, Suède ou Angleterre ; pension complète ou demi-pension ; de 100 jours à 5 ans, selon le choix des Français. Le prospectus met tout de même en garde contre les annulations de dernières minutes.

Mais c’est Gérard Schivardi qui propose la plus belle des destinations : un pèlerinage sur la national 7 pour une immersion totale dans la douce France de Charles Trénet...