samedi 12 avril 2008

« Maman »

Les promeneurs du jardin des Tuileries ont de quoi être surpris. Une gigantesque araignée de bronze et d'acier domine de ses 9 mètres de haut le joli parc dessiné par Le Nôtre. Rassurez tout de suite vos enfants, c’est du provisoire, elle retrouvera bientôt l'ombre d'une collection particulière new-yorkaise. En attendant, le Centre Pompidou consacre jusqu’au 2 juin une exposition à sa créatrice Louise Bourgeois, une artiste française installée à New York depuis 1938. L’immense sculpture arachnéenne était tout simplement trop grande pour le musée d’art moderne.


Chose curieuse, pour Louise Bourgeois, qui fait des araignées monumentales depuis les années 90, cet animal est une figure bénéfique. Elle l’associe à l’image de sa mère, rassurante et protectrice, en opposition à celle de son père, tyrannique et volage, qu’elle détestait.

Pour en savoir plus en 1'44'' et en video, cliquez ici.

vendredi 11 avril 2008

Anselm le généreux

Je manque décidément à tous mes devoirs. Non seulement je n’alimente ce blog qu’épisodiquement mais j’omets en plus de commenter des infos majeures concernant le Louvre. Il en est ainsi du nouveau décor commandé à Anselm Kiefer, pourtant inauguré le 25 octobre 2007 et que j’évoquais déjà ici. Sans doute parce qu’il n’y a pas à s’insurger. Pour tout vous dire, je m’attendais à pire. Du genre de l’exposition Jan Fabre qui se tient en ce moment. Mais je vous en parlerai plus tard.

Cette commande s’inscrit dans la nouvelle politique qu’a le Louvre depuis 2003 en direction de l’art contemporain et qui a pour but de « donner un caractère officiel et patrimonial à la création contemporaine, de faire découvrir à un large public non initié les créations des artistes d’aujourd’hui et d’affirmer le caractère universel du musée. » Rien de moins.

"Athanor"

Anselm Kiefer, « artiste vivant de renommée internationale » comme le souligne ostensiblement le dossier de presse, l’a bien compris et a même généreusement livré trois œuvres pour le prix d’une. En effet, non content de réaliser un décor monumental (celui qu’on lui a demandé), l’artiste a en plus produit deux sculptures que je vous laisse admirer. Il faut savoir apprécier, bien sûr…

"Danaé"

"Hortus conclusus"

Pour ceux qui ne parlent pas latin ou qui cherchent le rapport avec la mythologie grecque, je vous renvoie au dossier de presse où la signification de chaque œuvre est doctement expliquée.

Quant au décor principal, il est empreint d’une forte symbolique alchimique (le titre « Athanor » désigne le nom du four permettant de fabriquer la pierre philosophale) et possède, comme souvent dans l’art contemporain, une dimension narcissique puisque l’artiste s’est représenté lui-même en homme couché faisant de la méditation.


Selon mes sources, cette bagatelle a tout de même coûté la somme de 600 000 euros dont 500 000 sont directement allés dans la poche de l’artiste. Mais que le contribuable se rassure: cela n’a rien coûté au Louvre (comme d’habitude) puisque tous les frais on été pris en charge par le mécénat d’AGF (qui affichait 2 milliards d’euros de bénéfices en 2006). Vous trouvez ça cher ? Pourtant, le Louvre a fait une très bonne affaire et un bon placement. Car Kiefer lui a fait un prix d’ami… Et oui, sur le marché de l’art, chacune de ces trois œuvres vaudrait à elle seule les 500 000 euros !

Les prochains artistes à intervenir au Louvre devraient être Cy Twombly pour le plafond de la salle des bronzes antiques (là, on parle d’au moins 2 millions d’euros) et François Morellet pour l’escalier Lefuel. Gageons qu’ils seront aussi généreux que Kiefer ! Allez, trois plafonds pour le prix d’un, payés par Bolloré, ça devrait être possible au royaume de Sarkozy !