mercredi 30 mai 2007

Le Louvre s'implante dans le nord

Loin des sables d'Abou Dhabi, mais beaucoup plus près de Paris, le musée du Louvre a un autre projet d'implantation, à Lens. Il s'agira cette fois-ci d'une véritable antenne du musée parisien et non d'un label concédé pour 30 ans.

Le projet de créer une antenne du Louvre en Région remonte à 2003. On se souvient que 6 villes du nord de la France se portèrent candidates. Et c'est le site qu'a proposé la ville de Lens qui rafla la mise: un ancien carreau de mine désaffecté depuis 1960. Les 20 ha disponibles rendaient possible la réalisation sans contrainte d'un bâtiment contemporain, comme le souhaitait le Louvre. En terme d'image, le Louvre est fier de montrer qu'il participe à la valorisation d'un territoire défavorisé. D'un point de vue économique, le Louvre-Lens espère bien attirer la clientèle anglaise, belge et néerlandaise grâce notamment au réseau d'autoroutes (A1, A26) et à sa gare TGV.




Ce nouveau musée sera très différent de son grand frère dans son concept. L'ambition affichée est de présenter les œuvres autrement afin d'aller à la rencontre de nouveaux publics. Il s'agira davantage d'un lieu d'expérimentation que d'un Louvre bis en petit. En effet, la marge d'innovation est très étroite dans les murs du vieux palais dont l'espace a été sacralisé par des générations de visiteurs. A Lens, les collections du Louvre seront présentées de façon temporaire et transversale. Les réserves seront visibles et visitables et le public pourra suivre les opérations de restauration. L'accent sera mis sur la médiation pour éduquer le regard du visiteur en s'appuyant sur les NTIC. Le musée du Louvre, en partenariat avec DNP est déjà largement impliqué dans ce genre d'expérimentation high-tech dans le cadre du projet Museum Lab.

Ce projet s'inscrit dans une politique de décentralisation des grands établissements culturels parisiens engagée en 2003. Le coût du projet est évalué à 127 millions d'euros, mais le Louvre n'aura pas à débourser le moindre centime ! En effet, 60% des frais sont pris en charge par la région, 20% par l'Union européenne, 10% par le département du Pas-de-Calais et 10% par la communauté de commune Lens-Liévin. Le Louvre, pour sa part, apporte son "expertise" mais surtout ses œuvres ! Le budget prévisionnel de fonctionnement est estimé à 12 millions d'euros pour un effectif de 120 à 150 agents.
En tout, le nouveau bâtiment occupera un espace de 28 000 m2 dont 4200 m2 d'exposition consacrés au Louvre et 1900 m2 à d'autres expositions temporaires. Le nouvel établissement sera également doté d'un grand auditorium, d'une médiathèque et d'un centre de ressources.

La maîtrise d'œuvre sera confiée à l'agence japonaise Sanaa qui a remporté le concours d’architecture. Parmi les réalisations de cette agence, on peut citer le Glass Pavilion du musées de Toledo aux Etats-Unis et le Musée d'art contemporain du 21ème siècle de Kanazawa.
La vidéo en ligne sur le site du Louvre-Lens promet un musée très éthéré ! Pour ma part, je ne le trouve pas du meilleur goût. J'ai bien peur que le bâtiment ne vieillisse mal et qu'il soit peu fonctionnel. Mais ce n'est qu'une impression. De toute façon, l'objectif voulu est de rendre tout visible, y compris les réserves. Alors...

L’antenne de Lens doit ouvrir ses portes en 2010. Pour patienter d’ici là, plusieurs évènements promotionnels sont programmés parmi lesquelles on peut citer :


- « La route du Louvre », un évènement sportif qui regroupe un marathon, une course de 10 km et une randonnée pédestre entre Lille et le nouveau site. La première édition a eu lieu en 2006 et a rassemblée 2800 participants. Le marathon est destiné à prendre de l’importance puisque l’édition 2007 sera qualificative pour les championnats de France.

- « Les Beffrois du Louvre », une série d’expositions qui s’inspire de l’opération « Les beffrois de la culture » conduite en 2004. Huit « beffrois » seront organisés, un pour chacun des départements du Louvre. Le premier aura lieu en automne 2007 à Louvroil, proche de Valenciennes, et présentera une oeuvre égyptienne.

samedi 26 mai 2007

En finir avec la théorie néo-classique

Vous avez peut-être déjà remarqué qu’une des raisons d’être de ce blog est de diffuser, d’expliquer et de soutenir les tentatives de déconstruction du modèle économique dominant. De démolir une fois pour toutes l’idée qu’il n’y a qu’une bonne façon de faire de l’économie. Tony Blair est le chantre de ce type de discours, répétant inlassablement qu’en économie, il y a ce qui marche et ce qui ne marche pas. Eh bien non, il a tort.

Par exemple, la production et la distribution d’électricité en France, ça marche bien. EDF est une entreprise en bonne santé, les infrastructures sont fiables, tout le monde a accès au réseau électrique, les prix pratiqués ne sont pas prohibitifs. Bref, c’est un service public de qualité qui répond à un besoin essentiel. Comme l’eau d’ailleurs mais j’en parlerai un autre jour. Pourtant, il semble que cela ne suffise pas. En juillet 2007, ce secteur sera privatisé. Au nom de quoi ? De la concurrence ? - ce qui suppose déjà qu’un système concurrentiel est par nature plus efficace qu’un service public - Pourtant, dans tous les pays où cette privatisation a eu lieu en Europe, les prix ont augmentés. Et je ne vous parle pas des pannes qui ont plongé à plusieurs reprises la Californie dans le noir...

Non, la majorité des choix qui sont faits par nos gouvernements sont d’ordre idéologique. Eh oui, les bonnes vieilles idéologies ont toujours le vent en poupe, elles qu’on croyait mortes depuis la chute du communisme en URSS. Elles sont pourtant nombreuses : créationnisme, évangélisme, néo-libéralisme, islamisme, socialisme du 21ème siècle en Amérique du sud... Non, décidément, les idéologies sont toujours là. Ce qu’il nous manque en fait, c’est une grande Utopie, - le communisme a joué ce rôle par le passé - , capable de contester et de faire évoluer le modèle dominant.

Pour cela, il est nécessaire de démontrer le plus clairement possible, contre la théorie néo-classique, que l’économie n’a rien d’une science exacte, que ses supposées « lois » (comme celle « de l’offre et de la demande ») n’existent pas. Tout au plus l’économie peut-elle revendiquer sa place aux cotés des autres sciences sociales, au premier rang desquelles figurent l’histoire, la sociologie et la psychologie.


Le Hors-série d’Alternatives économiques, actuellement en kiosque et consacré à l’histoire de la pensée économique y parvient tellement bien que je vous encourage à l’acheter. Je vous en proposerai d’ailleurs bientôt une vaste synthèse. Que les auteurs me pardonnent par avance les paraphrases que je ne manquerai pas de commettre, inévitables dans ce genre d’exercice.

Les Français, même cultivés, manquent cruellement de culture économique. Pour beaucoup, les seuls cours d’économie qu’ils ont suivi remontent à la classe de seconde. Pourtant, à longueur de journée, journalistes, banquiers, analystes financiers, hommes politiques, diffusés dans les médias de masse, nous assomment de chiffres et d’idées préconçues. Ce sont eux qui façonnent l’opinion alors qu’ils ne font le plus souvent qu’annoner un jargon économico-scientifique que personne ne comprend, à la manière du Docteur Diafoirus de Molière. Et pour cause, personne, ni les économistes du FMI ou de la BIRD, ni les hommes politiques ou les universitaires, ni les statisticiens ou les prix Nobel et encore moins Jacques Attali ou Alain Minc, n’est en mesure d’expliquer, de théoriser, de modéliser quelle forme prendrait la mise en place d’un système économique efficace. Tout simplement parce que les rapports d’échanges entre les êtres humains sont infiniment plus complexes à décrire que le système climatique planétaire et impossibles à mettre en équation. Sauf à faire de l’économie purement virtuelle, transcendante en quelque sorte, sans aucune prise avec le réel. De l’idéologie, donc.

Seule une vaste entreprise de déconstruction nous permettra d’imaginer, d’inventer et d’élaborer d’autres modes de développement, plus respectueux de l’être humain, des apports de chaque individu et, je l’espère, de la planète.

vendredi 25 mai 2007

La Tribune de l'art enfin accessible depuis les Emirats

"La Tribune de l'art", qui s'est montrée très critique envers l'opération du Louvre et des musées français à Abou Dhabi était censurée depuis au moins 4 mois dans les Emirats Arabes Unis. Bonne nouvelle, un correspondant du site actuellement à Abou Dhabi indique qu’il est désormais possible de le consulter. Il faut dire que maintenant que l'accord est signé, ça n'a plus guère d'importance. Mais je me demande encore la raison d'une telle démarche étant donné que tous les protagonistes de l'affaire ont été mis devant le fait accompli par le Quai d'Orsay et qu'il n'y avait vraiment aucun risque qu'un grain de sable vienne enrayer le projet...

mercredi 23 mai 2007

lundi 21 mai 2007

L'héritage de mai 68


Merci à Jan de m'avoir signalé ce dessin humoristique qui correspond parfaitement à ce que je pense de ce genre de déclarations démago. Salut à tous ! Ne vous laissez pas endormir et surtout gardez votre esprit critique !

samedi 19 mai 2007

Charité bien ordonnée...

Selon le Figaro, il existe en France 128 régimes spéciaux, aussi bien publics que privés. Parmi ceux qui en bénéficient, on trouve les employés d'EDF-GDF, de la SNCF ou de la RATP dont on parle beaucoup mais aussi les employés de l'Opéra de Paris, de la Comédie Française ou les marins-pêcheurs… dont on parle peu.

Et puis, il y a les régimes spéciaux dont on ne parle pas du tout. Ce sont pourtant les plus généreux de France ! Je pense bien entendu aux régimes spéciaux de nos chers élus qui servent le pays avec tant de désintéressement.

Pour s’y retrouver, il convient de distinguer le régime des parlementaires (députés et sénateurs, députés européens) de celui des élus locaux (maire, conseiller régional…), en gardant bien à l'esprit que les deux dispositifs peuvent se cumuler.

I. Le régime de retraite des parlementaires

Un député cotise double pendant les 15 premières années de mandat. Ce qui veut dire que 15 ans à l'Assemblée = 30 ans de cotisations. En cas de non-réélection, il dispose également d'une confortable allocation de retour à l'emploi.

Depuis peu, le droit à pension est désormais ouvert à l'âge de 60 ans (55 ans auparavant) pour les députés. Il est susceptible d'être ramené à 55 ans pour les anciens députés qui acceptent un abattement temporaire. Selon mes informations, celui des sénateurs est toujours à 53 ans.

Les députés et sénateurs issus du privé peuvent percevoir en plus la retraite de leur profession d'origine au prorata des années effectuées moins le temps de leur mandat. Ceux de la Fonction Publique sont doublement avantagés, puisqu'ils continuent, eux, de cotiser en même temps dans leur corps d'origine.

II. Le régime de retraite des élus locaux

Les élus locaux (qui peuvent aussi être des parlementaires) bénéficient d'un régime de retraite obligatoire auquel peut s'ajouter un régime complémentaire par capitalisation. L'un comme l'autre sont très avantageux.

1 : Le régime de retraite obligatoire

Tous les élus locaux qui perçoivent une indemnité de fonction peuvent bénéficier du régime de retraite, qu’ils aient une activité professionnelle ou non. Les élus sont obligatoirement affiliés à l’Ircantec, organisme géré par la Caisse des dépôts.

Les cotisations comprennent deux parts : l’une à la charge de l’élu, l’autre (plus importante) à la charge de la collectivité.

2 : Le régime de retraite complémentaire

Tous les élus qui perçoivent une indemnité de fonction peuvent cotiser à ce régime de retraite complémentaire, à l’exception de ceux qui sont affiliés à l’assurance vieillesse du régime général de la sécurité sociale au titre de leur mandat électif.

Ce dispositif facultatif est un régime de capitalisation par rente financée pour moitié par la collectivité territoriale.

Du coup, l’élu double son épargne grâce à l’apport obligatoire de sa collectivité et peut se constituer une épargne retraite individuelle, cumulable avec tout autre régime de retraite, sans limite d’age. Pour 1 euros versé, 2 sont épargnés. Le plafond maximum des taux de cotisations est fixé à 8 % pour la collectivité et à 8 % pour l’élu.
Chaque élu dispose donc d’un compte d’épargne retraite individuel constitué de ses cotisations et de celles de sa collectivité, augmentées, chaque année, des intérêts produits par les placements.

La loi autorise la rétroactivité des cotisations, avec un versement équivalent de la collectivité.

En cas de cumul de fonctions électives, il est possible de cotiser pour chacun des mandats.

En cas d’interruption de leur mandat, les élus peuvent poursuivre à titre personnel, des versements sur leur compte individuel d’épargne.

Chaque adhérent à la possibilité de demander le bénéfice de son droit à rente, dès 55 ans, sans minoration, même s’il exerce encore un mandat électif.

Cerise sur le gâteau, il n’a pas l’obligation, en fin de mandat, de demander le service de sa rente. Il peut en effet différer la liquidation de celle-ci et maintenir son capital acquis sur son compte individuel, lequel continuera à produire, chaque année, des intérêts capitalisés. Son capital sera ainsi intégralement transmis à ses héritiers, sans droit de succession. Du Sarkozy avant l’heure.

III. Le jackpot du "cumul"

Elus locaux et salariés relevant de l'Ircantec (exerçant une activité dans la Fonction Publique sans être fonctionnaire) cotisent sous deux régimes différents. En conséquence, il est possible de percevoir une retraite de salarié tout en continuant à exercer un mandat électif et réciproquement.

Bien entendu, d'autres pensions de retraites avantageuses peuvent s'ajouter lorsque l'on a occupé de hautes fonctions dans l'Etat: parlementaire, secrétaire d'Etat, ministre ou Président par exemple. C'est ainsi que Jacques Chirac, toutes pensions confondues, part à la retraite en touchant dans les 30 000 euros par mois.

Enfin, les pensions de retraites peuvent s'ajouter aux traitements (imposables) et aux indemnités (non-imposables) déjà conséquents des différents mandats électifs. Ce qui permet à certains élus de percevoir des sommes indécentes, au titre de ces nombreux régimes spéciaux, alors que ce sont les premiers à s’indigner au nom de l'équité du traitement « avantageux » de certaines catégories de Français !

Une consolation tout de même: cet article devrait faire naître de nombreuses vocations citoyennes...

vendredi 18 mai 2007

La dernière vague

Maître de L'Énéide, vers 1530, Limoges
Les Grecs se cachent dans le cheval de Troie
Émail peint sur cuivre, musée du Louvre

Prudent et avisé, le roi de la Sarkozie a réuni l'équipage éprouvé qui doit le conduire à bon port sans trop d'avaries. Passé le cap des Législatives, il espère prendre de la vitesse, porté par une belle vague bleue. Accostant au bord du gouffre de la Rupture, il pourra décharger tranquillement sa douteuse cargaison, enfouie dans les profondeurs du vaisseau. Il avait suffi d'un simple cheval de bois pour s'emparer de l'inexpugnable ville de Troie. Notre Ulysse des temps modernes le sait et se souvient que c'est en flattant ses ennemis qu'on obtient parfois les plus belles victoires. C'est masqué qu'il s'apprête à franchir les derniers stades qui le séparent du point de non-retour. Le chant des sirènes a remplacé la harangue du chef de guerre. Rusé, il se fait tout miel, joue l'ouverture et préserve finalement la Culture de peur d'affronter une ultime levée de boucliers avant la dernière échéance électorale. Mais déjà, la citadelle élyséenne est prise, la noblesse ralliée. La populace est crédule, elle acclame son nouveau maître. Les ultimes poches de résistance se disloquent. La guerre est finie. Le sac peut commencer…

samedi 12 mai 2007

Sarkozy et la culture


Laissons de côté ce qui s'apparente à des voeux pieux ou à des incantations, et posons nous cette question: quelles sont les orientations nouvelles pour lesquelles Nicolas Sarkozy est prêt à s'en donner les moyens ? J'en vois au moins 7.

- Créer un super-ministère de l'éducation, de la culture et des médias.

Nicolas Sarkozy a promis un gouvernement resserré à 15 ministres (contre une trentaine aujourd'hui). Du coup, il faudra bien faire des rapprochements ministériels. Si le ministère de la Culture devient un simple secrétariat d'Etat, cela ne changera pas grand-chose dans les faits. Sur le plan symbolique, c'est autre chose...

Du côté des crédits, c'est le statu quo. A priori, pas d'augmentation, mais pas de baisse non plus. En revanche Nicolas Sarkozy opte clairement pour un financement à l'américaine de la culture et encouragera le mécenat et la création de fondations privées. Il souhaite même fixer des obligations de résultat aux établissements culturels en matière de mécénat.

- Faire de l'enseignement artistique le pilier de la démocratisation culturelle

A ce sujet, le candidat s'est engagé "à ce que les moyens affectés et le rythme de créations de postes soient à la hauteur des besoins de chaque établissement scolaire". Un comble pour celui qui veut supprimer massivement des postes de fonctionnaires !

Dans le domaine audiovisuel comme partout, Nicolas Sarkozy veut favoriser les partenariats et le mécénat privés et s'oppose à toute augmentation de la redevance comme à la privatisation de France 2.

- Restructurer le réseau des centres culturels à l'étranger

Nicolas Sarkozy a la volonté de réduire les effectifs des ambassades françaises dans l'Union européenne et envisage un rédéploiement stratégique du réseau, a priori en direction des pays d'Amérique et d'Asie.

Concrètement, il souhaite désigner un unique "pilote de la politique culturelle extérieure" (la concentration des opérateurs déjà existants dans une nouvelle structure) et propose la création d'une école française d'archéologie en Afrique noire.

- Attirer les élites universitaires étrangères

Pour cela, c'est la réforme de l'enseignement supérieur qui est en ligne de mire afin de donner aux universités plus de moyens. Donc -on imagine-, plus de sélection, plus d'autonomie de gestion, plus de frais d'inscription et moins d'étudiants...

Dans la droite ligne de sa doctrine "d'immigration choisie", le projet de loi sur l'immigration et l'intégration comportera des dispositions favorables aux étudiants étrangers de haut niveau. L'objectif est de "recruter" non plus seulement des étudiants des pays francophones mais aussi des pays émergents comme l'Inde et la Chine. Avec à la clef un enseignement en anglais ?

- Réformer le mode d'attribution des aides à la création et au spectacle vivant

Comme pour le cinéma, le but est de confier l'attribution de ces aides à des agences indépendantes, composées de professionnels et de représentants du public. Le gouvernement fixera les "objectifs d'intérêt général". Le "succès auprès du public" sera l'un des critères d'attribution.

Dans le cinéma, une partie des crédits devrait être distribuée en fonction des recettes à l'exportation des films.

En matière de droit d'auteur, Nicolas Sarkozy s'oppose clairement à la "
licence globale". Vu son comité de soutien, on comprend pourquoi !

- Concentrer les moyens de l'audiovisuel extérieur

La volonté de mettre en place une politique offensive en matière de rayonnement de la France s'accompagnera d'une concentration de ce secteur: réduction du nombre des acteurs, rationalisation des structures, mise en place d'un pilotage reserré. Et après la concentration, la privatisation ?

- Rénover l'ensemble du patrimoine monumental

Nicolas Sarkozy propose un plan de 4 millards d'euros sur dix ans (il se croit déjà réélu ma parole !) pour "rendre sa splendeur aux 490 monuments majeurs" du pays. Soit 400 millions d'euros par an. Dans les faits, ce n'est même pas un retour à la situation de 2003 (494 millions d'euros) avant la chute des crédits à 253 millions, décidée en 2004 par le gouvernement Raffarin.

- La gratuité des musées nationaux ?

Des annonces ont été faites en ce sens, mais cela paraît peu probable et n'a pas été repris dans le programme officiel. On peut néanmoins envisager d'étendre la gratuité pour tous à tous les dimanches (au lieu du 1er de chaque mois) ou de l'accorder au moins de 25 ans (au lieu des moins de 18).

vendredi 11 mai 2007

Al Gore et Davis Guggenheim, « Une vérité qui dérange », DVD, 2007

« C'est un film très bien fait, à l'américaine, avec de l'humour, des applaudissements… En deux heures, il en fait plus pour l'environnement que moi en dix ans ! » Yann Arthus-Bertrand

Al Gore se présente lui-même comme l’ex-« futur Président des Etats-Unis » suite à sa défaite face à George W. Bush en 2000. Actuellement, il milite activement pour que son pays ratifie le protocole de Kyoto qui vise à réduire, au niveau mondial, les émissions de gaz à effet de serre. Depuis 2000, Al Gore a sillonné la planète pour donner une série de conférences sur le thème du réchauffement climatique. Ce film, réalisé par Davis Guggenheim, reconstitue l’une de ces présentations multimédias ponctuée par des séquences relatant des évènements de la vie personnelle d’Al Gore.

On ne s’ennuie pas un instant à regarder ce documentaire convaincant. Al Gore y met tout le poids de sa notoriété et développe un argumentaire efficace, à l’américaine, pour démontrer l’urgence de la situation climatique. Gore fait un peu son show, humour et suspens à l’appui, mais pour sensibiliser le public le plus large, c’est bien compréhensible, n’en déplaise à Claude Allègre. Il dénonce notamment la manipulation organisée par certains pour installer le doute dans l’opinion publique.

Côté solutions, pas de miracle. Al Gore préconise avant tout les économies d’énergie qui sont pour le moment le moyen le plus simple et le plus rapide de faire baisser les émissions de CO2. En attendant que les énergies renouvelables et de nouvelles technologies prennent le relais du pétrole... (on l’espère !)

Disponible dans tous les bons vidéo clubs.

jeudi 10 mai 2007

Ekopédia, le wiki des techniques alternatives de vie

Ce n'est pas parce que Dominique Voynet a fait un score ridicule aux présidentielles qu'il faut enterrer l'écologie pour autant. J'en veux pour preuve ce nouveau venu dans l'univers wiki de la libre contribution. Ekopédia fourmille d'informations pour répondre aux défis écologiques du quotidien. Son interface est une copie conforme de celle de Wikipédia, la célèbre encyclopédie libre du net. L'internaute y trouvera un ensemble de fiches pratiques et d'articles de fond concernant tous les domaines de l'activité humaine (s'alimenter, se loger, se vêtir, se déplacer…). Au-delà de la prise de concience, elle apporte des solutions simples à mettre en œuvre pour nous aider à modifier nos comportements et favoriser l'émergence d'un mode de vie plus respectueux de l'environnement. Cette encyclopédie, d'initiation canadienne, est actuellement riche de plus de 1300 articles en français et vient de s'ouvrir à l'anglais et à l'espéranto. Et tout le monde peut apporter sa pierre à l'édifice…

http://fr.ekopedia.org/

mardi 8 mai 2007

Bernard Maris, « Antimanuel d’économie, Tome I, Les fourmis », Bréal

Si vos derniers souvenirs d’économie remontent à la classe de seconde, ce livre est pour vous ! Abordable et très structuré, il constitue un outil précieux pour décrypter le langage des apôtres de la guerre économique. A première vue, son titre comme sa dédicace laisse présager un écrit peu conformiste :

« A l’économiste inconnu, mort pour la guerre économique, qui toute sa vie expliqua magnifiquement le lendemain pourquoi il s’était trompé la veille, à tous ceux, bien vivants, qui savourent le mot gratuité. »

Pourtant, dans cet ouvrage magnifiquement illustré, Bernard Maris en revient aux fondamentaux de la théorie économique et nous propose une mise en perspective, pertinente et instructive, de deux siècles de pensée économique. Chaque chapitre se clôt par des extraits de textes : d’économistes bien sûr (Keynes, Ricardo, Stiglitz...) de philosophes (Montesquieu, Heidegger, Baudrillard,...), mais aussi de romanciers (Maupassant, Zola, Orwell...).

Ce premier tome raconte la rareté et le partage. C’est celui des fourmis, égoïstes et calculatrices qui constituent « la partie émergée de l’iceberg économique ». Il décrit un monde dominé par les marchands. Il aborde de façon lumineuse des notions fondamentales comme celles de marché, de libre-échange, de concurrence ou de croissance et apporte un nouvel éclairage sur les questions essentielles que pose l’économie : Qu’est-ce que la valeur ? La richesse ? Le partage ? Il bouscule également des idées reçus et démontre, par exemple, pourquoi la coopération est plus efficace que la concurrence.

Manifestement, Bernard Maris refuse de laisser aux statisticiens et aux experts autoproclamés le monopole du discours économique. Car on ne peut mesurer que le quantifiable. Dans ces conditions, « l’esperanto économique est-il le jargon d’une science dure, le sabir d’une science molle, ou le cache-misère d’une science nulle ? »


Introduction : Faut-il rire des économistes ?

Partie I : Principes de scolastique économique
1. Science dure, science molle ou science nulle ?
2. La politique dans l’économie
3. Le langage du pouvoir

Partie II : La guerre économique
4. Marchés et concurrence
5. Mondialisation et commerce international
6. Enron et les sept familles

Partie III : Le nerf de la guerre
7. L’argent
8. La Bourse et les marchés financiers

Partie IV : Le butin
9. Le partage
10. Qu’est-ce que la richesse ?
11. L’autre économie

Conclusion : Eloge de la gratuité


Le second tome de cet « Antimanuel » consacrera la revanche des cigales et nous entraînera dans une réflexion aux frontières et au-delà de l’économie.

dimanche 6 mai 2007

samedi 5 mai 2007

L’art contemporain au Louvre : Contrepoint III

En ouvrant ses portes à l’art contemporain, le Louvre a effectué une petite révolution de palais en bousculant son public de toujours, amateurs d’art classique et « amis du Louvre », mais aussi de nombreux conservateurs. Cette politique audacieuse a été impulsée par Henri Loyrette, son actuel président-directeur général.

Depuis 2004, le vénérable musée parisien organise régulièrement une manifestation mécènée (comme il se doit) par la Caisse des dépôts, intitulée « Contrepoint ». Son ambition est de faire « dialoguer l’art du passé avec la création contemporaine ». Dans la réalité, c’est surtout la circonspection qui domine. La plupart du temps, personne n’y comprend rien, mais au final tout le monde a un avis, binaire en général, « j’aime bien » ou « c’est moche ».

Autre audace, pour l’année du Brésil en France en 2005, une oeuvre monumentale du Brésilien Tunga était présentée en plein milieu du Hall Napoléon sous pyramide, suscitant la curiosité et l’incompréhension des visiteurs du monde entier. C’était la première fois que cet espace d’accueil recevait une oeuvre d’art.

D’autres artistes (Barceló, Sarkis...) ont bénéficié de ce nouvel intérêt de la direction pour l’art contemporain. Le musée s’est d’ailleurs doté d’un conservateur général, chargé de mission pour l’art contemporain, en la personne de Marie-Laure Bernadac, également commissaire de l’exposition « Contrepoint », troisième du genre, que vous pouvez voir en ce moment.

L’art contemporain s’adresse directement à notre sensibilité personnelle. Son intérêt réside davantage dans la réaction qu’il provoque en nous que dans sa beauté intrinsèque. C’est pourquoi, une photo valant mieux qu’un long (et abscons) discours, je préfère m’abstenir de commentaire et vous présenter quelques clichés, tant il m’est impossible de discourir sur des oeuvres dont je ne perçois, bien souvent, ni l’intérêt artistique, ni la beauté.

Après la porcelaine, c’est la sculpture que « Contrepoint III » met à l’honneur cette année.

Didier Trenet, "Douce Douche"


Richard Deacon, "Garden"


Gloria Friedmann, "Les Contemporains"


Giuseppe Penone, "L'Arbre de 10 mètres"


Claudio Parmiggiani, "Ex Voto"


Jacques Vieille, "Charlotte des Bois"


Elisabeth Ballet, "Bump Piece"


Luciano Fabro, Cul de ciel"


Pour consulter le communiqué de presse de l'exposition, cliquez ici

jeudi 3 mai 2007

Avant qu'il ne soit trop tard...

Ségolène Royal n'a pas réussi hier à démonter le programme de M. Sarkozy. Elle n'est pas parvenue à pointer les risques qu'il faisait courir au pays. Elle n'a pas su mettre en lumière le véritable changement de nature de la société qu'il propose. Et pourtant, les arguments contre les propositions du candidat de l'UMP ne manquent pas !

Nicolas Sarkozy, lui, s'est contenté de dérouler tranquillement son argumentaire, simpliste et bien rodé, entendu mille fois sur tous les médias de France et de Navarre depuis 3 ans. Pour reprendre une métaphore chère à François Bayrou, il a continué à tracer son sillon en labourant les esprits avec l'assurance du favori. C'est le principal reproche que je fais à Ségolène Royal. Les démonstrations de Nicolas Sarkozy sont archi-connues. Comment se fait-il alors qu'elle n'ait jamais été en positon de mettre en difficulté son adversaire (à part sur le dossier du nucléaire) ? Pour une fois que Nicolas Sarkozy avait face à lui une contradictrice, on était en droit d'attendre mieux de la candidate socialiste, dont le discours flou et généraliste sur bien des points ne faisait pas mouche.

C'était particulièrement flagrant sur les questions économiques. Des thèmes cruciaux n'ont pas été traités de façon satisfaisante: les risques du contrat de travail unique, l'injustice de la TVA sociale, le choix du financement de la sécurité sociale (et le système de la franchise), la hausse évidente de la dette comme corollaire des baisses massives d'impôts, l'instauration du prêt hypothécaire rechargeable, le renforcement d'une classe de rentiers (bouclier fiscal, suppression de 95% des droits de succession, de l'ISF, baisse de l'impôt sur le revenu), l'organisation de la faillite des services publics (faute de réforme et de crédits)...

Nicolas Sarkozy s'est même payé le luxe d'atténuer son discours libéral en mettant en avant des propositions comme le retour à la préférence communautaire ou l'augmentation des taxes sur les importations, d'autant plus faciles à promettre que ce n'est pas lui qui en décidera.

J'attendais également une sortie de la candidate socialiste contre la mise en cause démagogique de l'esprit de mai 68 comme source de tous les maux de la société, contre le contournement de la carte scolaire (sous prétexte d'excellence) au profit des classes aisées, contre l'autonomie des établissements scolaires et la paupérisation de bon nombre de collèges et de lycées qui en résultera !

C'est pourquoi, j'encourage tous les indécis qui n'ont pas été convaincus par Mme Royal à visionner
ce film qui réfute point par point la réthorique sarkozyste. Il est long (66 minutes) mais a l'immense mérite d'éclairer l'électeur sur les conséquences probables auxquelles le choix de M. Sarkozy nous expose. Avant qu'il ne soit trop tard.