lundi 30 avril 2007

Vous avez dit "populiste" ? (suite)

Après le sujet d'hier sur le populisme, aujourd'hui, la preuve par l'exemple:

«Ce fut une campagne aux prises avec une crise morale comme la France n'en a peut-être jamais connu, sauf peut-être au temps de Jeanne d'Arc.»

«Les héritiers de Mai 68 avaient imposé l'idée que tout se valait, qu'il n'y avait donc désormais aucune différence entre le bien et le mal, aucune différence entre le vrai et le faux, entre le beau et le laid. Ils avaient cherché à faire croire que l'élève valait le maître [...], que la victime comptait moins que le délinquant.»

«Il n'y avait plus de valeurs, plus de hiérarchie»

«Dans cette élection, il s'agit de savoir si l'héritage de Mai 68 doit être perpétué, ou s'il doit être liquidé une bonne fois pour toutes».

«Chers amis, il nous reste huit petits jours pour bâtir le pays le plus prospère au monde, pour rétablir le plein emploi et l'autorité ! J'ai besoin de vous pour être le candidat du peuple de France.»


C'était Nicolas Sarkozy, hier à Bercy.


Comment peut-on se laisser berner par un discours idéologique aussi tranché, réducteur et borné ? Comment peut-on oser affirmer que toutes les difficultés de la France tirent leur origine d'une soi-disante "crise morale" née de mai 68 ? Comment peut-on occulter à ce point les questions de fond et se croire dans le vrai ?

En juillet 2007, en Europe, on va libéraliser l'énergie. Que nous dit M. Sarkozy sur ce sujet, autrement plus pressant et déterminant pour l'avenir ?

source: Libération

dimanche 29 avril 2007

Vous avez dit "populiste" ?

Le blog politique et participatif "Betapolitique" propose une analyse que je trouve intéressante du nouveau visage que prend le populisme actuel et de ses possibles conséquences. Je tenais à le signaler pour que chacun en nourrisse sa réflexion.

En voici un court extrait:

Le populisme sarkozien, maladie infantile du libéralisme

jeudi 26 avril 2007

Le populisme qui contamine la vie politique aura eu pour effet paradoxal de générer une très forte participation électorale. Le populisme a pour effet principal d’ensevelir la question politique (c’est-à-dire le « que faire ? ») sous la problématique des « valeurs » (quelles sont les « vraies » valeurs ?). Le populisme exploite l’angoisse de déclassement, appelle à la préservation de certains privilèges et dissimule l’égoïsme de classe en le drapant de « valeurs éternelles ».

Le « rationnel » et « l’irrationnel » en politique.


Lorsque le « que faire ? » est au centre de l’action politique, la politique devient une sorte de « travail », c’est-à-dire une activité rationnelle qui ajuste des objectifs et des moyens (par exemple, pour relancer la croissance, il faut se déterminer entre une politique de l’offre, une politique de la demande ou un mixte des deux). Quand le politique devient cet « analogon » du travail, la question des « valeurs morales » est subsidiaire. Ce qui est primordial ce sont les compétences d’analyse, de concertation, de mobilisation, etc., qui permettent d’atteindre l’objectif fixé (relancer la croissance). Dans le monde du travail, la compétence prime sur les valeurs, ce que chacun de nous sait fort bien, puisque chacun de nous travaille quotidiennement, et sans encombre particulière, avec des collègues de travail qui sont loin de partager nos valeurs. L’objectif collectif (le travail) permet de transcender les éventuels clivages liés aux diverses « valeurs » de chacun.

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samedi 28 avril 2007

Le Darfour, c'est…

- 400 000 personnes massacrées en 4 ans
- 2 millions d'hommes, de femmes et d'enfants déplacés
- 225 000 réfugiés au Tchad
- 12 travailleurs humanitaires tués et 5 qui ont disparu
- 7 500 soldats africains déployés sur un territoire de 500 000 km2, presque aussi vaste que la France

C'est aussi,

- des bombardements aériens de populations civiles par le régime du président Al-Bachir
- des milices "janjawids" armées, logées et équipées par l'armée régulière soudanaise

Mais c'est surtout,

- l'enjeu du contrôle de l'Ouest et du Sud pétroliers par le pouvoir central de Khartoum
- l'ombre de la Chine, le premier fournisseur d'armes du Soudan, qui lui achète 65% de son or noir
- l'inefficacité de la force africaine qui ne peut que recenser les tueries
- l'hypocrisie des Américains et des Européens qui gesticulent au lieu d'agir

Le Darfour, c'est enfin un génocide qui ne dit pas son nom (le premier du 21ème siècle).

C'est le silence la communauté internationale.


Je salue le travail du collectif "Sauver le Darfour", qui tente de réveiller les conciences.

Source: Darfour, la chronique d’un « génocide ambigu » , le monde diplomatique, mars 2007


jeudi 26 avril 2007

Redéfinir la "modernité"

On ne peut pas refuser la modernité. La question primordiale est donc de s’interroger sur le sens que nous donnons aujourd’hui à cette notion.

Après la chute des grandes idéologies, le capitalisme, qui n’est qu’un mode de production de richesses, s’est retrouvé « triomphant ». Or, le capitalisme actuel est un capitalisme de facilité qui va au profit le plus rapide grâce à l’environnement favorable que lui offre la mondialisation et modifie profondément notre échelle des valeurs et par conséquent notre idée de la modernité. J’y reviendrai dans la présentation que je ferai du livre de jean Peyrelevade, « Le capitalisme total ». En France et ailleurs, il ne cherche plus à se développer en fonction des contraintes et des atouts du pays parce que les multinationales ne s’inscrivent plus dans un territoire. Elles n’ont plus besoin d’un cadre national qui par ailleurs fut protecteur en son temps. La recherche du profit instantané est-elle compatible avec le souci du coût social ou environnemental du développement ? Sans la contrainte d’un Etat fort, la réponse est non. Est-ce cela la modernité ?

Les multinationales ne créent plus de croissance que dans les pays émergents où elles investissent massivement. Espérons qu’ils ne faudra pas un siècle aux travailleurs de ces pays pour se rebeller contre une forme d’exploitation que nous avons connu au 19ème siècle. En mettant en concurrence des systèmes de développement très inégaux, ces grandes firmes distordent la concurrence internationale qui est aussi vieille, par ailleurs, que le capitalisme lui-même. Elles ne réussissent qu’à créer du chômage en Occident, dégager des dividendes faramineuses pour un petit nombres d’actionnaires (souvent les fonds de pension des gentils retraités anglo-saxons) et à polluer davantage la planète. Jamais une génération n’aura autant mis en péril la suivante.

Chômage et inégalités sont inhérents au capitalisme - songez qu’il n’y avait pas de chômage dans les sociétés pré-industrielles -. Si au moins ce système, en créant de la croissance – la sacro-sainte croissance – pouvait supprimer la pauvreté ! Mais non, on préfère désormais s'attaquer aux mécanismes protecteurs et redistributeurs pour favoriser des « champions internationaux» alors que paradoxalement on compte bien plus sur les PME pour faire baisser le chômage. De toute façon, si tout le monde était riche en même temps, il n’y aurait plus de riches. D’où plein emploi = précarité pour beaucoup.

Et si nous tentions de remplacer dans notre hiérarchie des valeurs, la concurrence par l’entraide, l’accumulation par le partage, la croissance par le souci de l’environnement, cela ferait-il de nous des êtres moins « modernes » ?

mercredi 25 avril 2007

Parole de candidat

Nos politiques ont malheureusement pris l'habitude de nous servir des salades, surtout en période électorale. En voici une belle:

"Si je suis élu, j'interdirai les golden-parachutes. Je veux mettre de la moralité dans le capitalisme français".

Qui est l'auteur de cette déclaration ? Arlette Laguiller ? Olivier Besancenot ? Non, c'est Nicolas Sarkozy
qui a réitéré cet engagement, ce soir dans "Face à la Une" sur TF1, alors qu'on l'interrogeait à propos des 8 millions d'euros "d'indemnités" versées à Noël Forgeard par EADS.

C'est Thierry Breton qui va être content...

mardi 24 avril 2007

Vers la fin du « consensus de Washington » ?

Le journal Le monde s’est procuré une version provisoire du « World development report 2008 » rédigé par la Banque Mondiale et qui sera rendu public en septembre.

Espérons que la version finale ne soit pas trop édulcorée, car c’est le premier rapport sur le développement qui s’intéresse à l’agriculture depuis 1982 et « encourage (enfin !) les gouvernements des pays pauvres à encadrer et à soutenir leurs paysanneries ». C’est donc bien d’une réhabilitation de l’intervention de l’Etat dans l’économie qu’il s’agit, à contre-pied donc de la doctrine néo-libérale prônée depuis une génération par cette institution censée lutter contre la pauvreté !

De fait, selon l’un des rédacteurs du rapport "on s'est clairement placés au-delà du consensus de Washington, parce que la pauvreté n'a pas reculé, et que maintenant il y a l'urgence environnementale."

Mais au fait, qu’est-ce que c’est que ce fameux « consensus de Washington » ?

Le « consensus de Washington » reflétait jusqu’à présent la convergence idéologique des « experts » des principales institutions financières de la planète : la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et le Département américain du Trésor. Elaboré sous l’égide de l’économiste John Williamson en 1989, il définit depuis près de 20 ans les grandes politiques économiques mondiales et a donc largement contribué, après l'effondrement de l'URSS, à façonner le visage de la mondialisation telle qu'on la connaît aujourd'hui.

Ce « consensus » résume en 10 points « la bonne politique » à suivre pour un pays en développement :

Les mesures de stabilisation

1) Austérité budgétaire
2) Réduction des subventions
3) Action sur les taux d’intérêt par l’intermédiaire d’une politique monétaire orthodoxe
4) Création d’un taux de change stable et compétitif

Les mesures structurelles

5) Libéralisation des échanges commerciaux
6) Libéralisation des mouvements de capitaux
7) Des réformes fiscales pour accroître le nombre de contribuables en élargissant l’assiette par la généralisation de la TVA et pour obtenir des taux maximaux d'imposition faibles
8) Privatisations
9) Déréglementation
10) Renforcement du droit à la propriété privée

Conçus, à l’origine, pour répondre aux difficultés spécifiques des pays latino-américains, ces principes ont été jugés applicables au monde entier et furent rapidement adoptés par nos élites mondialisées. En Europe, par exemple, ils sont à l’origine du concept de « concurrence libre et non faussée », inscrit au coeur du Traité de Maastricht et du feu Traité constitutionnel européen, qui annonce la destruction des services publics et interdit de mener une politique industrielle européenne.

Ces solutions « standards » dites « d’ajustements structurels », appliquées à l’aveuglette, ont conduit l’Argentine à la ruine, ont plongé la Russie dans une crise sociale de grande ampleur et ont bouleversé les économies émergentes des pays d’Asie à la fin des années 90. Joseph Stiglitz fut l’un des premiers à dénoncer les effets ravageurs de cette politique dans son livre « La grande désillusion ».

Au moment où ce « consensus » semble se fissurer, il serait intéressant de s’interroger sur l’opportunité de mettre en oeuvre le programme économique d’un certain Nicolas S., candidat à l’élection présidentielle française.

Pour aller plus loin, suivez ces liens :

Enterrer le consensus de Washington (ATTAC)
Le « consensus de Washington », appliqué en Amérique Latine (Le monde diplomatique)

lundi 23 avril 2007

Les 15 jours de Bayrou

Encore une fois, une élection nous a réservé son lot de surprises. Si les qualifiés sont ceux qu’on attendait, les scores, eux, sont édifiants.

Une participation exceptionnelle: 84%, du jamais vu depuis très longtemps. La percée de Bayrou, impressionnante. La dégringolade de Le Pen, inespérée. Le niveau atteint par Sarkozy, une performance.

Le résultat, plus qu’honorable, de Ségolène Royal est aussi une surprise, comme son corollaire l’effondrement très net de la gauche de la gauche qui perd ainsi sa capacité d’influence, le PS pouvant maintenant larguer les amarres pour s’arrimer au centre de l’échiquier politique.

Le vote utile a pleinement fonctionné pour le trio de tête. On n’imagine qu’il en sera de même au second tour.

A la lumière du scrutin, il est clair que le rapport de force est en faveur de la droite :

Sarkozy (31,18) + Villiers (2,23) + Le Pen (10,44) = 43,85%

Royal (25,87) + l’ensemble de la gauche = 36,44%

Le grand inconnu au second tour reste le report des voix de F. Bayrou (18,57%) et accessoirement de F. Nihous (1,15%).

Ce sont donc les électeurs UDF qui détiennent la clef du scrutin. En imaginant que F. Bayrou ait réussi son pari de constituer un centre véritablement indépendant et que ses sympathisants se partagent à part égale entre Royal et Sarkozy, ce dernier est assuré d’être élu le 6 mai.

Espérons pour lui que F. Bayrou saura savourer ces 15 jours qui font de lui l’arbitre de cette élection, avant que le vainqueur ne gouverne plus que pour son camp. Au final, les Français auront à choisir entre une gauche molle et une droite dure.

Quant à l’émergence d’un vrai parti du centre, F. Bayrou aura fort à faire pour confirmer son existence lors des législatives.

samedi 21 avril 2007

Présidentielles : enquête exclusive !

La publication de sondages est désormais interdite depuis minuit jusqu’à dimanche 20h00. En France en tout cas. L’institut IPSOS a d’ailleurs publié sa dernière enquête sur les intentions de vote au premier tour, hier à 23h55 (les petits malins).

Mais comme je ne peux résister au petit jeu des pronostics, voici en exclusivité planétaire, ma propre enquête fondée sur des observations ultra-fines des études d’opinion, couplées avec une méthode « maison » de pondération ultra-performante, dite « du doigt mouillé » sans oublier la consultation des astres et l’expertise de Paco Rabanne.

Ce qui nous donne, dans l’ordre :

Nicolas Sarkozy : 26%
Ségolène Royal : 22%

François Bayrou : 17,1% (je vous avais dit que c’était précis !)
Jean-Marie Le Pen : 16,9%

Olivier Besancenot : 4%
Frédéric Nihous : 3%
Arlette Laguiller : 2,5%
Dominique Voynet : 2%
Marie-G. Buffet : 2%
José Bové : 2%
Philippe de Villiers : 2%
Gérard Schivardi : 0,5%

Taux d’abstention : 25%

Qu’en pensez-vous ?

vendredi 20 avril 2007

Si nos candidats étaient des Tour Operators…

Quelles destinations trouverait-on dans leur catalogue ?

Avec Arlette Laguiller, Cuba bien sûr ! C'est magnifique un pays qui n'a pas bougé depuis plus de 30 ans !


Avec José Bové, vous découvrirez la Bolivie et ses champs de coca qu’on ne vous demandera pas de faucher pour une fois.

Frédéric Nihous, organise un stage "ruralité moderne" en Nouvelle-Zélande, pour comprendre comment fonctionne un pays qui compte 13 fois plus de moutons que d'habitants.

François Bayrou vous propose une petite excursion en Allemagne (dans un bus au colza, bien sûr). Au programme, visite de 3 usines par jour. Après tout, le tourisme industriel n’est ni de droite, ni de gauche !

Avec Nicolas Sarkozy, retrouvez, au Texas, tout le charme du Far West, terre de cow-boys et de la loi du plus fort. Un supplément vous sera demandé pour visiter le ranch de Mr Bush.

Olivier Besancenot vous propose un circuit révolutionnaire au coeur du « socialisme du XXIème siècle »: départ du Brésil et visite de la Bolivie, de l’Equateur et du Vénézuela... à sac-à-dos.

Pour sa part, Jean-Marie Le Pen vous entraînera, dans un pays plein de promesses: la Russie. Pour le pire séjour de votre vie.

Marie-Georges Buffet organise, de son côté, une escapade à Saint-Ouen pour en visiter la formidable mairie communiste, bientôt inscrite à l’inventaire des monuments historiques.

Dominique Voynet, quant à elle, vous a choisi une destination insolite, la Mongolie, dont les habitants ont mis au point un modèle de développement économique très prometteur pour la sauvegarde de l’environnement.

Le vicomte Philippe de Villiers vous invite à découvrir ses terres et ses gens en Vendée, on y est si bien, pourquoi aller ailleurs ? Aux plus aventureux, il propose quand même, en option, un séjour extrême en Turquie pour vivre le grand frisson !

Ségolène Royal a l’offre la plus complète : Chili, Espagne, Suède ou Angleterre ; pension complète ou demi-pension ; de 100 jours à 5 ans, selon le choix des Français. Le prospectus met tout de même en garde contre les annulations de dernières minutes.

Mais c’est Gérard Schivardi qui propose la plus belle des destinations : un pèlerinage sur la national 7 pour une immersion totale dans la douce France de Charles Trénet...

jeudi 19 avril 2007

Vote contestataire: contre la tentation Le Pen

Par dépit, par désespoir ou par défiance envers le monde politique, certains de nos compatriotes ont l'intention de voter Le Pen au premier tour pour exprimer un vote contestataire et envoyer un signal fort à la classe dirigeante, mais sans pour autant partager les idées du FN, du moins le disent-ils. Je ne suis d'accord ni sur la stratégie, ni sur leur analyse. Voter pour un candidat dont on sait désormais qu'il peut accéder au 2ème tour, devient de facto un vote d'adhésion (pour ce parti) et non de contestation (envers les partis dits "de gouvernement").

Pour justifier ce vote, je les entends dire: "Le Pen était déjà au 2ème tour en 2002 ? Et qu'est-ce qui a changé ? Rien"... Je leur répondrais que c'est heureux en l'occurrence ! Car la majorité des Français (82 %) ont massivement rejeté ses thèses. A ceux qui veulent en rajouter une seconde couche, du style "cette fois, on sera bien obligé d'entendre notre ras-le bol", je leur dirais: si vous avez raison, si à travers ce vote, votre contestation du système est entendue, ce sera précisément dans le sens des idées d'extrême-droite. Vous en partagez certaines ? Alors, ok, votez Le Pen mais ce n'est plus uniquement de la contestation.

En revanche, si votre vote est uniquement contestataire, anti-système, anti-establishement (appelez-le comme vous voudrez) et que vous ne vous retrouvez pas (ou très peu) dans les idées d'extrême-droite, alors votez pour quelqu'un d'autre, votez blanc ou abstenez-vous.

Si seul le résultat final vous importe mais que vous ne supportez pas Ségolène Royal (trop incapable) ou François Bayrou (trop faux-cul), alors votez directement pour Sarkozy dans ce cas. Mais ne reprochez pas en plus aux deux autres d'être trop autoritaires ou trop à droite !

Vous voulez voter pour exprimer votre contestation du système ? C'est l'embarras du choix !
Oublions Les Verts, le PCF et bien sûr l'UDF qui ont déjà participé à des gouvernements.

Vous voulez une nouvelle vision du monde ? Pourquoi pas Bové !

Vous en avez marre de l'Europe, de sa monnaie et des technocrates de Bruxelles qui nous volent notre souveraineté ? Alors optez pour Schivardi ou Villiers !

Vous êtes tenté par un "vote insurrectionnel" comme le dit Bové ? Votez donc pour lui ! Ou pour la LCR, ou LO...

Vous voulez de la proportionnelle ? Vous pouvez tout aussi bien choisir Villiers, Bové ou Besancenot, je n'ose dire François Bayrou…

Vous habitez en zone rurale et le cadre de vie que vous avez toujours connu est en train d'être détruit ? Schivardi vous tend les bras si vous venez de la gauche ou bien essayez donc Frédéric Nihous.

L'immigration vous tracasse ? L'UMP ou Villiers ne vous suffisent-ils vraiment pas ?

Mais non, suis-je bête, vous voulez véritablement peser sur le scrutin. Vous voulez que votre vote contestataire se concentre dans un candidat capable de faire peur aux favoris au point d'en infléchir profondément les actes. Vous ne voulez pas l'éparpillement des mécontentements. Et le mieux placé serait Le Pen ! Mais allez donc plutôt vers Sarkozy, son discours, il l'a déjà bien infléchi et c'est le seul à aller chasser sur les terres du FN. Il y aurait bien le vicomte, mais ce n'est pas assez lourd pour vous. Et puis vous préférez sans doute "l'original à la copie".

Mais ne vous leurrez pas: si vous persévérez dans le vote Le Pen, c'est tout de même que vous partagez ses idées. Au moins une grande partie. Réfléchissez un instant à cela. Si, en effet, Le Pen fait un gros score et se qualifie une nouvelle fois pour le second tour 1) soit ce n'est pas pris en compte comme la dernière fois, 2) soit ça l'est ! Et donc les infléchissements à attendre iront dans le sens des idées défendues par le leader du FN: politique ultra-sécuritaire, rétablissement de la peine de mort, suppression du regroupement familial, préférence nationale etc… Vous choisissez, quoi ?

Si vous voulez juste exprimer votre ras-le-bol, votre dégoût même - je le conçois très bien- faites ce que bon vous semble mais ne tombez pas dans le piège !

Si vous êtes véritablement proche de l'extrême-droite, alors, d'accord votez pour Jean-Marie. Nous sommes en démocratie, le FN reste un parti autorisé, et je n'ai rien à dire.

Dans le cas contraire, vous jouez un jeu dangereux. Ayez conscience que quand un candidat a déjà prouvé qu'il a de très sérieuses chances d'être au 2ème tour, on est plus dans le contexte d'un vote de contestation, mais largement d'adhésion ! Du vote utile, en quelque sorte...

mercredi 18 avril 2007

L'Equateur se rebelle

En cette fin de campagne, je suis frappé que la plupart de nos commentateurs politiques aient intégré que la France était un « petit pays, même en Europe » et que son président, fraîchement élu, n’aura de toute façon aucune capacité d’action ! D’ailleurs, par suivisme ou par paresse intellectuelle, ce qui revient au même, ils ne proposent que la fusion dans le moule du marché mondial ou prédisent l’effondrement.

Heureusement pour eux, d’autres pays n’ont pas cet état d’esprit.

L’Equateur, par exemple, se rebelle. Le président Correa a réussi son pari et emboite le pas à Evo Morales, son homologue bolivien. Lundi, il a gagné son référendum. Une large majorité de votants ont répondu "Oui" à « la convocation d'une Assemblée constituante aux pleins pouvoirs afin qu'elle transforme le cadre institutionnel de l'Etat et élabore une nouvelle Constitution".

Car, Rafael Correa, économiste de formation (il a étudié en Equateur, en Belgique et aux Etats-Unis), veut en finir avec le « néolibéralisme déprédateur » et l’impérialisme de son puissant voisin américain. Certains agitent le spectre de Chavez, quand ce n'est pas celui de Castro pour mettre en garde contre une éventuelle dérive dictatoriale. Honnêtement, je ne connais pas assez la politique équatorienne pour exprimer un avis là-dessus. Je m'en tiendrais donc aux discours. Que veut Correa ?

Le président équatorien souhaite un «changement de modèle économique selon lequel l'Etat planifie, régule et assure la promotion de l'économie sans nationaliser les moyens de production». Il propose notamment :

- la renégociation des contrats avec les sociétés des secteurs de l'électricité, des télécommunications et surtout du pétrole.

- la restructuration de la dette extérieure.

- le non-renouvellement de l'accord qui permet aux Etats-Unis d'utiliser la base militaire aérienne de Manta.

- le refus des ingérences des institutions financières internationales.

- l’interdiction des monopoles notamment dans le secteur bancaire.

- un investissement massif de l’Etat en matière d’éducation et de santé.

En outre, le dollar américain restera monnaie de l'Equateur.

Pour autant que je sache, c’est ce genre de politique interventionniste qui a réussi en Corée, en Malaisie ou en Thaïlande avant que la libéralisation forcée de leurs marchés de capitaux ne les conduisent à la crise et une des rares efficace pour un pays qui veut réussir sa transition économique.

Rafael Correa a également déclaré qu'il expulserait du pays le représentant de la Banque mondiale, Eduardo Somensatto, si une enquête en cours confirmait que cette institution a bloqué, en représailles à des mesures défavorables aux multinationales pétrolières, un prêt de 100 millions de dollars octroyé à l'Equateur. Et ça, c’est plutôt rigolo !

Alors, au lieu de gloser sans fin sur son déclin, la France de l'impuissance ferait mieux de s’inspirer de ce « petit pays » qui ne désespère pas, lui, de prendre son destin en main. Ne confondons pas "capacité d'action" et "volonté d'action". Et souhaitons bonne chance à l'Equateur !

Ceux qui veulent aller plus loin, et comprendre les circonstances qui ont amenées en janvier 2007 M. Correa au pouvoir, pourront se référer à cet article du monde diplomatique.

mardi 17 avril 2007

Sarkozy, le candidat de la peur ?

L'hebdomadaire Marianne titre cette semaine sur "Le vrai Sarkozy, ce que les grands médias n'osent pas ou ne veulent pas dévoiler". Pourquoi ? L'homme fait peur. Peu osent avouer ce sentiment et beaucoup le partagent même dans son camp. Lisez donc le livre d'Azouz Begag, ça fait froid dans le dos. Pour ma part, je crois profondément que ce candidat n'est pas de nature à rassembler les Français mais à diviser encore un peu plus la société. Quand on voit ce que se permet ce candidat parmi d'autres, il est vrai favori des sondages, il y a de quoi s'inquiéter pour la liberté d'expression quand il aura atteint son but, d'autant que tous les grands patrons de presse le soutiennent. J'ai bien peur, qu'une fois Président, son ego n'y résiste pas et que la dérive monarchique de nos institutions prennent alors sa pleine et entière expression...

A ce propos, je reproduis ici un communiqué de presse de la société des journalistes de France 3, déjà largement diffusé sur le Net:
Nicolas Sarkozy se verrait-il déjà à l'Elysée ?

Trépigne-t-il déjà en s'imaginant bientôt disposer des pleins pouvoirs ?

Sans doute grisé par les sondages qui le placent en tête du premier tour, le candidat UMP s'est récemment laissé aller à une petite crise d'autorité dans les locaux de France 3. Une sorte de caprice régalien que l'on croyait appartenir à d'autres temps, ceux de la vénérable ORTF.

M. Sarkozy a en effet menacé de « virer » notre direction. Comme ça, sur un coup de tête. Parce qu'elle n'a pas daigné lui dérouler le tapis rouge et accourir immédiatement à sa rencontre lorsqu'il est venu, le 18 mars dernier, participer à l'émission France Europe Express, présentée par Christine Ockrent.

A peine arrivé, Monsieur le Ministre-candidat se laisse d'abord aller à quelques grossièretés, estimant que cette émission « l'emmerde » et qu'il n'a pas envie de la faire ! Ensuite, le voici vexé de devoir attendre dans les couloirs de France 3 pour être maquillé, d'autres invités occupant déjà les lieux (et oui, France 3 ne dispose que d'une salle de maquillage).

Coupable de ce «crime de lèse-Sarkozy », voici notre direction sur la sellette. « Toute cette direction, il faut la virer », a lâché le candidat UMP, comme le rapporte le Canard Enchaîné du 21 mars 2007. « Je ne peux pas le faire maintenant. Mais ils ne perdent rien pour attendre. Ca ne va pas tarder ».

Les Français sont désormais prévenus ! L'une des priorités de Nicolas Sarkozy s'il est élu président de la République sera de couper des têtes à France 3. A la trappe ces directeurs qui tardent à exécuter les courbettes.

Le Ministre-candidat avait déjà habitué notre rédaction à ses poses agacées, à ses humeurs dans nos locaux, face à une rédaction qui ne lui semble manifestement pas suffisamment docile. Comme cette récente provocation gratuite à l'adresse d'un journaliste du service politique «ça ne doit pas être facile de me suivre quand on est journaliste de gauche! ». Désormais, c'est à la direction qu'il veut s'en prendre ?

La Société des Journalistes de la Rédaction Nationale de France 3 ne peut qu'être scandalisée par une telle attitude de la part d'un candidat à la plus haute magistrature de France. Nous nous inquiétons que M. Sarkozy puisse afficher sans aucune gêne un tel mépris pour l'indépendance des chaînes de service public.

Non, monsieur Sarkozy, les journalistes de la Rédaction Nationale de France 3 ne sont pas et ne seront jamais vos valets. Ils résisteront à toute menace pesant sur leur indépendance. Si nous devons des comptes, ce n'est pas à un ministre-candidat, mais aux millions de téléspectateurs, qui regardent chaque jour nos journaux d'information.

Par respect pour eux, pour leur intelligence, nous n'accepterons jamais aucune forme de mise sous tutelle politique. Ni de votre part, ni de la part d'aucun autre candidat.

A bon entendeur.

La Société des Journalistes de France 3. Le 23 mars 2007


samedi 14 avril 2007

Joseph E. Stiglitz, « La grande désillusion », Poche

C’est le livre qu’il faut lire pour comprendre les évolutions les plus récentes de l’histoire économique contemporaine. Il permet de s’extraire de la pensée dominante, de passer de l’autre côté du miroir pour découvrir l’envers du décor du théâtre global et de comprendre pourquoi la mondialisation n’est pas aussi heureuse qu’on nous le promet. Une véritable bible des temps modernes qui décrypte les conséquences engendrées par les nouvelles règles du jeu économique mondial, telles qu'elles ont été édictées dans le "consensus de Washington". Un livre fondateur, d’autant plus qu’il vient d’une personne du sérail.

Car qui est J. Stiglitz ? Ce n’est certainement pas un gauchiste anticapitaliste mais l’un des principaux représentants du courant des nouveaux keynésiens. Ancien conseiller de Bill Clinton (1993-1997) puis économiste en chef à la Banque mondiale (1997-2000), il reçoit le prix Nobel d’économie en 2001. On lui doit le «paradoxe de Stiglitz», qui démontre en substance « que le marché laissé à lui-même ne peut améliorer son fonctionnement » (1).

Que nous dit Stiglitz ? Que le FMI, véritable pompier-pyromane, impose des politiques qui détruisent les agricultures des pays émergents en les mettant en concurrence avec les produits subventionnés du Nord. Qu’il fait passer les intérêts de son principal actionnaire, les Etats-Unis avant ceux des pays qu’il est censé aider. Que les fonds consentis servent surtout à renflouer les créanciers que sont les grandes banques internationales, aider les riches du pays à faire fuir leurs capitaux et à enrichir les mafias. Que la libéralisation brutale des marchés de capitaux est très dangereuse car elle déstructure les économies et conduit à la crise. Que les pays qui s’en sortent, sont justement, la Chine en tête, ceux qui ont refusé les plans du FMI et ont su gérer leur transition étape par étape. Bref, que les institutions internationales font désormais partie du problème et non de la solution.

Il témoigne : « Quand je suis passé à l’international, j’ai découvert que la prise de décision (...) était fondée, semblait-il, sur un curieux mélange d’idéologie et de mauvaise économie, un dogme qui parfois dissimulait à peine des intérêts privés ». Du coup le constat est peu glorieux : pour la majorité de la population de la planète, les choses stagnent ou déclinent en matière de qualité de la vie.

Le FMI a pourtant été créé pour prévenir et guérir les crises financières. Mais en échange de ses prêts, il impose aux pays concernés des politiques de « réformes structurelles ». Ces « réformes » sont en fait la mise en place de politiques d’austérité, l’ouverture des pays émergents à l’investissement étranger et leur subordination à la mondialisation dominées par les multinationales. J. Stiglitz revient d’ailleurs largement sur le cas russe et décrit avec une précision chirurgicale les causes qui ont conduit, dans les années 1997-1998, les pays asiatiques à la crise, entraînant dans leur sillage la Russie et l’Amérique latine.

Au final, J. Stiglitz fait ce diagnostic accablant : « Aujourd’hui la mondialisation, ça ne marche pas. Ça ne marche pas pour les pauvres du monde. Ça ne marche pas pour l’environnement. Ça ne marche pas pour la stabilité de l’économie mondiale ».

Il tempère tout de même son propos en ajoutant : « Le problème n’est pas la mondialisation. C’est la façon dont elle a été gérée. En particulier par les institutions économiques internationales, le FMI, la Banque mondiale et l’OMC qui contribuent à fixer les règles du jeu. Elles l’ont fait trop souvent en fonction des intérêts des pays industriels avancés (et d’intérêts privés en leur sein) et non de ceux du monde en développement ».

Pour sortir de cette impasse, il prône une philosophie économique qui envisage l’Etat et les marchés dans un rapport de complémentarité et préconise la réforme urgente des politiques économiques internationales trop souvent au service des lobbys des pays du Nord.

Cette « grande désillusion » se poursuit dans un second volet, « Quand le capitalisme perd la tête », publié en 2003.


(1) in Bernard Maris, « Lettre ouverte aux gourous qui nous prennent pour des imbéciles », Seuil

jeudi 12 avril 2007

Présidentielles: testez le comparotron !

Je tiens à saluer cette initiative citoyenne qui vise à clarifier les propositions de chacun. Le comparotron vous permet de comparer (comme son som l'indique) et de confronter les programmes de 8 des 12 candidats sur 13 thèmes (emploi, économie, sécurité, social, éducation, environnement, europe, société, immigration, institutions, culture, justice, étranger). Une fonctionnalité vous permet d'afficher uniquement les programmes qui vous intéressent. C'est relativement pratique même si on a un peu l'impression de consulter une page de test de téléviseurs sur darty.fr. N'hésitez pas à y faire un tour, sans perdre de vue quand même que les promesses n'engagent (souvent) que ceux qui les croient...

mercredi 11 avril 2007

Le candidat pour lequel j'aimerais voter

Ce candidat revendiquerait une sensibilité clairement de gauche. Il ne serait pas contre l'économie de marché à condition qu'il croit encore possible que celle-ci puisse être régulée par la puissance publique. Il tenterait courageusement de s'attaquer au capitalisme financier qui ruine notre modèle social ou comme disent les communistes au "mur de l'argent" qui est l’un des pires maux de ce début de siècle.

En effet, depuis les Trente Glorieuses, on n'était plus habitué à un tel différentiel entre les riches et les pauvres. Il n'y pas si longtemps la différence entre le salaire d'un ouvrier ou d'un employé de base et un grand dirigeant d'entreprise était de 1 à 40. Cet écart s'est considérablement creusé de nos jours, de 1 à... 400 ! Je crois que c'est cela, fondamentalement, que la France rejette dans la mondialisation qu'elle trouve au final profondément inégalitaire voire injuste. Certains apparatchiks se taillent des fortunes considérables, comme en Russie ou en Chine et des millions d'autres personnes devraient rester sur le carreau. Parce que c'est la loi du marché ? Et c'est tout ?

Je ne crois pas que cette dérive à l'anglo-saxonne ressemble aux Français, ni ne leur convienne. Qu'on ne s'y trompe pas, l'électorat sarkosyste n'est pas libéral. Pour s'en convaincre, regardez les scores électoraux que faisait le parti libéral d'Alain Madelin. La France valorise le mérite individuel bien sûr. Mais l'idéal du bonheur est toujours vécu, en grande partie, sur le mode collectif, d'ailleurs toujours empreint d'une certaine idéologie collectiviste. On le voit, par exemple, à la survivance des nombreux partis qui se réclament de l'héritage communiste ou trotskiste. Même le parti socialiste rechigne à changer son nom. Le socialisme de Ségolène Royal n'a pourtant plus rien à voir avec celui d'un Jaurès ou d'un Léon Blum. Mais l’idéal demeure, au moins dans le nom.

A ce moment de la campagne, le débat porte sur l'identité nationale. Mais quelle est la nature de cette identité ? La question n'est pas anodine car elle touche aux fondements mêmes de notre nation et sa définition évolue en permanence. L'identité française est multiple, complexe et difficilement appréhendable dans sa globalité. C'est le vin, les fromages, le TGV, les services publics, la laïcité, l'heure de table, le droit grève, Jeanne d'Arc, Henri IV ou de Gaulle, Valmy, la prise de la Bastille, la nuit du 4 août, les droits de l'homme, Molière, Gavroche, Descartes, Jules Ferry et l'école obligatoire, les Lumières, le Louvre, la tour Eiffel, le mont Saint-Michel, l'apéro du dimanche, les marchés, le monument aux morts, le concorde, la sécu, la poste, la retraite par répartition... Tous ces éléments, ces personnages, ces idées, ces valeurs qui font que l'on partage un même mode de vie, une même histoire, les mêmes valeurs fondamentales et qui nous font sentir une communauté de destin.

Le bien commun, le "Vivre ensemble" est le grand absent de la campagne. Comme si la route vers le salut ne pouvait être qu'individuelle et corporatiste. Agiter un drapeau n'y changera rien, même après une coupe du monde remportée. Le mal est plus profond. Le Français est en perte de repère. Entre Vichy, la guerre d'Algérie, la décolonisation, la Françafrique, l'échec de l'intégration et le drame des banlieues, nous doutons de qui nous sommes, de l'avenir, de notre destin commun, de notre capacité à peser sur le cours des choses. Et c'est bien normal. Personne ne nous propose de réel projet de société. Entre le rejet illusoire d'un monde globalisé et la soumission aux règles de la concurrence la plus sauvage comme horizon unique, où est l'espoir, je veux dire l'espérance collective, et non pas la confiance individuelle en sa propre capacité à tirer son épingle du jeu, qui dépend largement de notre milieu d’origine ?

Pour faire revivre cet idéal collectif, et redonner du sens à des mots comme « Egalité » ou « Fraternité » qui font partie de notre devise, le candidat pour lequel j’aimerais voter identifierait les chantiers prioritaires suivants :

1) Les banlieues. C’est la priorité des priorités. Tout est à repenser en termes d’habitat, de transport, d’enseignement, d’intégration, de mixité sociale, de sécurité ou d’accès aux services publics. C’est un véritable Plan Marshall pour les banlieues dont le pays a besoin pour qu’il ne revive pas les émeutes de 2005 alors que se creusent chaque jour un peu plus les fractures entre les inclus et les exclus du système.

2) La réforme institutionnelle. Notre démocratie n’est plus représentative puisqu’un seul parti - l’UMP en l’occurrence - peut s’accaparer tous les pouvoirs sur une base de 20% des suffrages exprimés. Quatre candidats au moins peuvent prétendre se qualifier au second tour de la Présidentielle et tous auront besoin des réservoirs de voix des autres partis. La France refuse de se faire enfermer dans le bipartisme qu’on veut lui imposer. Faudra-t-il attendre comme en 2002 la présence de Le Pen au deuxième tour pour instaurer, par exemple, une vraie dose de proportionnelle aux élections législatives ?

3) La simplification législative et administrative. L’enchevêtrement de nos lois est trop compliqué et rend le système globalement opaque pour le non-initié. Les systèmes d’aides de toutes sortes sont devenus pléthoriques et contre-productifs. Les créateurs d’entreprises se plaignent constamment des lourdeurs administratives. La décentralisation a créé des doublons inutiles. C’est un grand chantier d’aplanissement et de simplification des textes qu’il faudrait entreprendre pour réduire les formalités, alléger les contraintes et gagner en transparence.

4) La relance de l’Union européenne, enfin. Le candidat pour lequel j’aimerais voter prendrait l’engagement ferme de lutter pour la réorientation de la politique européenne en vue de l’harmonisation des législations en matière sociale et fiscale. Une union forte et durable ne se fera pas contre les peuples et en dehors de leur adhésion. Le « Non » au référendum sur la Constitution doit être pris en compte. Car une Europe, véritablement démocratique et solidaire, reste le cadre où les grandes questions internationales, du réchauffement climatique au modèle de développement en passant par la politique énergétique, pourront un jour être traitées de manière efficace.

Il y aurait d’autres thèmes à traiter bien sûr, mais ces quatre priorités seraient, il me semble, de nature à réconcilier les Français avec le politique pour créer la confiance nécessaire à une dynamique collective et réformatrice.

jeudi 5 avril 2007

"Les mille et une astuces des musées pour se vendre", Le monde diplomatique, février 2007

Cet article du monde diplomatique décrit, il me semble, de manière à la fois juste et synthétique les évolutions récentes des grands musées internationaux, au premier rang desquels figurent le Louvre et Versailles. Le musée devient un bien de consommation comme un autre et le tourisme de masse transforme la culture en spectacle. Le but est clair: ren-ta-bi-li-té. Des gestionnaires s'emparent des postes de direction et l'avis des conservateurs est de moins en moins sollicité. L'augmentation de la fréquentation à tout rompre est le signe qu'on n'hésite plus à prendre le risque de dégrader le patrimoine. Enfin, la politique de mécénat -qui favorise les établissements les plus prestigieux- associée au désengagement de l'Etat pénalise fortement les musées de taille plus modeste.

José Bové, osez le jeu !

Toi aussi tu peux maintenant te rebeller contre le système en incarnant José Bové ! C'est quand même plus fun qu'un leader d'extrème-centre ! Démonte un MacDo, fauche des OGM et élimine les vaches folles. C'est marrant, ça détend et ça ne prend que 5 minutes au boulot… Si vous êtes discret votre boss n'en verra rien.

Par ici !

mercredi 4 avril 2007

François Bayrou et le "régime spécial des députés"

M. Bayrou serait-il déjà devenu un lecteur assidu d'"Un blog sur la planète" ? Merci à Fabien d'avoir signalé cet article du Figaro qui revient sur l'affaire dont je vous parlais dans mon billet du 1er avril. Je me réjouis qu'un grand quotidien relaye enfin cette information largement passée sous silence dans la presse généraliste. Que nos députés aient manqué à leur "devoir d'exemplarité" me semble, en effet, le moins que l'on puisse dire.

mardi 3 avril 2007

Faites le test !

La campagne présidentielle touche à sa fin. Il serait temps de savoir pour qui voter ! Pour les indécis ou les fainéants qui n'ont pas pris le temps d'y réfléchir ce petit test peut vous aider à y voir plus clair. Pour ma part, il paraît que je ressemble à François Bayrou ! Bigre... Comme quoi, rien n'est infaillible.

Plus sérieusement et en mémoire de Nicolas Hulot qui ne s'est finalement pas présenté, de Corinne Lepage qui s'est désistée et de Dominique Voynet qui a touché le fond de l'inaudibilité, cet autre test vous permettra de prendre conscience de l'empreinte écologique que vous laissez sur la planète. Si tout le monde consommait comme moi, il nous faudrait quand même les ressources de 2,06 Terres ! Ce n'est pourtant rien par rapport aux besoins d'un Américain moyen... ou d'un homme d'affaires ! Je vous laisse imaginer l'angoisse avec la Chine et l'Inde qui arrivent !
Car la cause écologique mérite mieux que des candidats fantômes. Ce n'est pas Al Gore qui me contredira. Et vous dans tout ça ?

Bernard Maris, "Lettre ouverte aux gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles", Seuil

« Les pays sous-peuplés d’Afrique sont largement sous-pollués. La qualité de l’air y est d’un niveau inutilement élevé par rapport à Los Angeles ou Mexico. Il faut encourager une migration plus importante des industries polluantes vers les pays moins avancés. Une certaine dose de pollution devrait exister dans les pays où les salaires sont les plus bas. Je pense que la logique économique qui veut que des masses de déchets toxiques soient déversées là où les salaires sont les plus faibles est imparable. » (1)

La citation est légèrement tronquée pour bien faire ressortir la teneur abjecte du propos. Bernard Maris (2) la reprend dès la préface de l’édition de 2003 pour donner le ton de son ouvrage. On la doit à Lawrence Summers qui fut secrétaire d'Etat au Trésor des Etats-Unis de 1999 à 2001 puis président de Harvard de 2001 à 2006.

Si la science économique sert à débiter des âneries pareils, il n’est pas étonnant que beaucoup la rejettent. Bernard Maris s’en prend ici aux « gourous » de toutes sortes (les « experts » du FMI ou de la Banque mondiale, les conseillers politiques, les analystes financiers et autres journalistes économiques) qui s’accaparent et détournent le discours économique. Il charge à boulets rouges contre la pensée unique contemporaine et reproche aux vrais économistes (prix Nobel, professeurs, chercheurs ou savants) de se taire. De ne pas dire « que la théorie économique contemporaine a pulvérisé le libéralisme ».

Vous l’aurez compris, Bernard Maris (« Oncle Bernard » pour les lecteurs de Charlie-Hebdo) n’y va pas avec le dos de la cuillère ! Une lecture revigorante mais dont on sort étourdi. Car mieux vaut avoir une solide culture économique pour lire avec profit ce pamphlet vitriolé qui cite 3 prix Nobel par page. Le simple curieux lira avec plus de bénéfices, je pense, l’excellent « Antimanuel d’économie, Tome 1 », du même auteur, plus abordable et très structuré dont je ferai prochainement le commentaire.

(1) Extraits cités par The Economist, 08/02/92, The Financial Times, 10/02/92, reproduits dans Courrier International, n°68, 20/02/92 et par Le Monde, 19/05/92. (Note de l’auteur).
(2) Bernard Maris est agrégé et docteur en économie

lundi 2 avril 2007

Indemnités des députés sortants (suite)

Ce n'est pas le scandale du siècle, mais ce n'est pas une raison pour être imprécis. Question de crédibilité. Les informations que je rapporte sont reprises de brefs articles parus au mois de mars dans le Canard enchainé, le Parisien et le site de France 3. J'aimerais bien mettre la main sur le texte officiel de référence mais je n'y suis pas parvenu. Si quelqu'un a cette info...

dimanche 1 avril 2007

Culottés, nos députés !

Nos représentants nationaux se sont votés en 2003 une loi passée à peu près inaperçue prolongeant la durée de leurs indemnités en cas de non-réélection. Ce dispositif sera donc mis en oeuvre pour la première fois cette année, après les législatives. Jusqu'à présent un député sortant pouvait toucher pendant 6 mois une allocation de retour à l'emploi de 5400 euros brut, le temps pour lui de se réinsérer dans la vie active. Dorénavant, il aura droit en plus à une indemnité dégressive... pendant 5 ans, autant dire la durée d'un mandat ! 70% le deuxième semestre, 60 % le troisième, 50% le quatrième puis 45%, 40% et ainsi de suite pour les semestres suivants jusqu'à 20 % soit 1080 euros brut. Cette mesure est financée par une cotisation égale à 0,5% du traitement de base. Pas mal comme système, non ?

Tous ça à condition de ne pas avoir le statut de fonctionnaire. Donc, si je comprends bien, imaginons qu'Olivier Besancenot soit élu à l'assemblée en juin prochain et perde son siège 5 ans plus tard. Pour lui, ce sera retour direct à la Poste de Neuilly et à ces 1400 euros net par mois !

Alors qu'il est question de remettre en cause tous les régimes spéciaux et de s'attaquer aux "privilèges" supposés des petits, je ne suis pas sûr que cela montre l'exemple.

Je précise que ce n'est pas un poisson d'avril !