Le journal Le monde s’est procuré une version provisoire du « World development report 2008 » rédigé par la Banque Mondiale et qui sera rendu public en septembre.
Espérons que la version finale ne soit pas trop édulcorée, car c’est le premier rapport sur le développement qui s’intéresse à l’agriculture depuis 1982 et « encourage (enfin !) les gouvernements des pays pauvres à encadrer et à soutenir leurs paysanneries ». C’est donc bien d’une réhabilitation de l’intervention de l’Etat dans l’économie qu’il s’agit, à contre-pied donc de la doctrine néo-libérale prônée depuis une génération par cette institution censée lutter contre la pauvreté !
De fait, selon l’un des rédacteurs du rapport "on s'est clairement placés au-delà du consensus de Washington, parce que la pauvreté n'a pas reculé, et que maintenant il y a l'urgence environnementale."
Mais au fait, qu’est-ce que c’est que ce fameux « consensus de Washington » ?
Le « consensus de Washington » reflétait jusqu’à présent la convergence idéologique des « experts » des principales institutions financières de la planète : la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et le Département américain du Trésor. Elaboré sous l’égide de l’économiste John Williamson en 1989, il définit depuis près de 20 ans les grandes politiques économiques mondiales et a donc largement contribué, après l'effondrement de l'URSS, à façonner le visage de la mondialisation telle qu'on la connaît aujourd'hui.
Ce « consensus » résume en 10 points « la bonne politique » à suivre pour un pays en développement :
Les mesures de stabilisation
1) Austérité budgétaire
2) Réduction des subventions
3) Action sur les taux d’intérêt par l’intermédiaire d’une politique monétaire orthodoxe
4) Création d’un taux de change stable et compétitif
Les mesures structurelles
5) Libéralisation des échanges commerciaux
6) Libéralisation des mouvements de capitaux
7) Des réformes fiscales pour accroître le nombre de contribuables en élargissant l’assiette par la généralisation de la TVA et pour obtenir des taux maximaux d'imposition faibles
8) Privatisations
9) Déréglementation
10) Renforcement du droit à la propriété privée
Conçus, à l’origine, pour répondre aux difficultés spécifiques des pays latino-américains, ces principes ont été jugés applicables au monde entier et furent rapidement adoptés par nos élites mondialisées. En Europe, par exemple, ils sont à l’origine du concept de « concurrence libre et non faussée », inscrit au coeur du Traité de Maastricht et du feu Traité constitutionnel européen, qui annonce la destruction des services publics et interdit de mener une politique industrielle européenne.
Ces solutions « standards » dites « d’ajustements structurels », appliquées à l’aveuglette, ont conduit l’Argentine à la ruine, ont plongé la Russie dans une crise sociale de grande ampleur et ont bouleversé les économies émergentes des pays d’Asie à la fin des années 90. Joseph Stiglitz fut l’un des premiers à dénoncer les effets ravageurs de cette politique dans son livre « La grande désillusion ».
Au moment où ce « consensus » semble se fissurer, il serait intéressant de s’interroger sur l’opportunité de mettre en oeuvre le programme économique d’un certain Nicolas S., candidat à l’élection présidentielle française.
Pour aller plus loin, suivez ces liens :
Enterrer le consensus de Washington (ATTAC)
Le « consensus de Washington », appliqué en Amérique Latine (Le monde diplomatique)
mardi 24 avril 2007
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