jeudi 26 avril 2007

Redéfinir la "modernité"

On ne peut pas refuser la modernité. La question primordiale est donc de s’interroger sur le sens que nous donnons aujourd’hui à cette notion.

Après la chute des grandes idéologies, le capitalisme, qui n’est qu’un mode de production de richesses, s’est retrouvé « triomphant ». Or, le capitalisme actuel est un capitalisme de facilité qui va au profit le plus rapide grâce à l’environnement favorable que lui offre la mondialisation et modifie profondément notre échelle des valeurs et par conséquent notre idée de la modernité. J’y reviendrai dans la présentation que je ferai du livre de jean Peyrelevade, « Le capitalisme total ». En France et ailleurs, il ne cherche plus à se développer en fonction des contraintes et des atouts du pays parce que les multinationales ne s’inscrivent plus dans un territoire. Elles n’ont plus besoin d’un cadre national qui par ailleurs fut protecteur en son temps. La recherche du profit instantané est-elle compatible avec le souci du coût social ou environnemental du développement ? Sans la contrainte d’un Etat fort, la réponse est non. Est-ce cela la modernité ?

Les multinationales ne créent plus de croissance que dans les pays émergents où elles investissent massivement. Espérons qu’ils ne faudra pas un siècle aux travailleurs de ces pays pour se rebeller contre une forme d’exploitation que nous avons connu au 19ème siècle. En mettant en concurrence des systèmes de développement très inégaux, ces grandes firmes distordent la concurrence internationale qui est aussi vieille, par ailleurs, que le capitalisme lui-même. Elles ne réussissent qu’à créer du chômage en Occident, dégager des dividendes faramineuses pour un petit nombres d’actionnaires (souvent les fonds de pension des gentils retraités anglo-saxons) et à polluer davantage la planète. Jamais une génération n’aura autant mis en péril la suivante.

Chômage et inégalités sont inhérents au capitalisme - songez qu’il n’y avait pas de chômage dans les sociétés pré-industrielles -. Si au moins ce système, en créant de la croissance – la sacro-sainte croissance – pouvait supprimer la pauvreté ! Mais non, on préfère désormais s'attaquer aux mécanismes protecteurs et redistributeurs pour favoriser des « champions internationaux» alors que paradoxalement on compte bien plus sur les PME pour faire baisser le chômage. De toute façon, si tout le monde était riche en même temps, il n’y aurait plus de riches. D’où plein emploi = précarité pour beaucoup.

Et si nous tentions de remplacer dans notre hiérarchie des valeurs, la concurrence par l’entraide, l’accumulation par le partage, la croissance par le souci de l’environnement, cela ferait-il de nous des êtres moins « modernes » ?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Un salaire moyen et décent pour tous n'est ps synonyme de précarité! Simplement il permettrait de réduire les écarts faramineux et inacceptables entre les dirigeants et les autres. Faire du profit n'est pas un péché mais il faut redistribuer de manière plus équitable.Le nouveau gouvernement devra aussi réduire la dette.