Ainsi donc, après la Sorbonne, la création d'un Louvre à Abou Dhabi aura bien lieu. Le conseil d'administration du musée qui s'est réuni le 23 mars a entériné le projet, signé le 6 mars 2007 par les autorités françaises et émiriennes.
Pourtant, fait rarissime, bon nombre de conservateurs étaient sortis de leur réserve à l'annonce de ce projet. Début février, ils étaient 39 (sur une soixantaine) à signer une note adressée à Renaud Donnedieu de Vabres pour exprimer leurs inquiétudes.
Ils faut savoir que les chantiers du Louvre sont déjà nombreux et titanesques: la création d'une antenne à Lens, le partenariat avec le musée d'Atlanta, la rénovation des départements des AGER et des Objets d'art, l'aménagement de la cour Visconti pour les arts de l'Islam, le chantier du Petit-Bourbon pour la peinture anglaise, le projet Pyramide qui doit complètement repenser l'accueil du public...
Mais il est clair que les raisons d'un tel choix sont d'abord financières et diplomatiques. Le montant global de la transaction s'élève à un millard d'euros... sur 30 ans tout de même. Une agence internationale des musées de France a même été créée pour l'occasion car d'autres musées français sont associés à l'aventure.
Curieusement, le secret avait été bien gardé et c'est par la presse que la majorité des agents du musée furent informés des négociations en cours.
L'alarme fut d'abord donnée dans une tribune de Libération intitulée "Les musées ne sont pas à vendre" signée par Françoise Cachin, Jean Clair et Roland Recht. Cette polémique fut relayée par Didier Rykner sur son site la Tribune de l'art qui fut le véritable fer de lance de la croisade anti-Louvre-Abou Dhabi et dont le dossier complet et circonstancié sur le sujet est consultable ici. Vous y retrouverez les arguments des uns et des autres.
Pour ma part, je ne sais trop quoi penser d'un tel projet. Refuser un partenariat d'un milliard d'euros me paraît impossible tant la Culture en France a besoin de subsides.
Néanmoins, je ne peux que regretter le choix d'Abou Dhabi. J'aurais préféré un partenariat avec l'Inde ou le Bresil par exemple, ou même la Chine ! Là oui, l'argument du rayonnement culturel aurait été fondé. Mais le Louvre d'Abou Dhabi ne touchera qu'une poignée de privilégiés en villégiature à Saadiyat.
Ce qui est sûr, c'est que la frénésie de la mondialisation touche désormais le secteur culturel de plein fouet. Une telle entreprise bouleversera profondément les rapports de nos institutions culturelles avec leurs homologues internationales désormais mises en concurrence entre elles. Mais j'aurai l'occasion d'y revenir. A n'en pas douter.
jeudi 29 mars 2007
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