« Dans la compétition les opposant aux libéraux, les contestataires cumulent les handicaps. Un « troupeau électronique » d’investisseurs contourne le pouvoir des Etats. L’alternance politique détermine l’amplitude de la pente d’une même ligne. Le marché s’installe, y compris dans nos cerveaux, obligés de comparer en permanence les prix et les services : hier les forfaits de téléphones portables, demain les abonnements aux gaz, comme si notre intelligence du monde devait être absorbée par un buvard permanent de consommation permettant de rendre plus naturelle la transformation de l’univers en marchandise. Et puis il y a les écoles que l’on met en concurrence pour pouvoir orienter dès le plus jeune âge ses enfants vers les meilleurs lycées, qui eux-mêmes préparent aux meilleures universités. Sans oublier les hôpitaux, les villes, les régions que l’on classe pour apprendre comment échapper au destin perdant de qui ne privilégie pas à chaque instant son salut individuel. Diversions, palmarès, consommation, narcissisme : chaque fois la presse est là, comme elle était déjà aux fourneaux pour casser les syndicats, chanter « les réformes », héroïser les riches. »
Serge Halimi, « Le grand bon en arrière », fayard, 2006, p. 583-584.
mardi 29 janvier 2008
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