« Les pays sous-peuplés d’Afrique sont largement sous-pollués. La qualité de l’air y est d’un niveau inutilement élevé par rapport à Los Angeles ou Mexico. Il faut encourager une migration plus importante des industries polluantes vers les pays moins avancés. Une certaine dose de pollution devrait exister dans les pays où les salaires sont les plus bas. Je pense que la logique économique qui veut que des masses de déchets toxiques soient déversées là où les salaires sont les plus faibles est imparable. » (1)
La citation est légèrement tronquée pour bien faire ressortir la teneur abjecte du propos. Bernard Maris (2) la reprend dès la préface de l’édition de 2003 pour donner le ton de son ouvrage. On la doit à Lawrence Summers qui fut secrétaire d'Etat au Trésor des Etats-Unis de 1999 à 2001 puis président de Harvard de 2001 à 2006.
Si la science économique sert à débiter des âneries pareils, il n’est pas étonnant que beaucoup la rejettent. Bernard Maris s’en prend ici aux « gourous » de toutes sortes (les « experts » du FMI ou de la Banque mondiale, les conseillers politiques, les analystes financiers et autres journalistes économiques) qui s’accaparent et détournent le discours économique. Il charge à boulets rouges contre la pensée unique contemporaine et reproche aux vrais économistes (prix Nobel, professeurs, chercheurs ou savants) de se taire. De ne pas dire « que la théorie économique contemporaine a pulvérisé le libéralisme ».
Vous l’aurez compris, Bernard Maris (« Oncle Bernard » pour les lecteurs de Charlie-Hebdo) n’y va pas avec le dos de la cuillère ! Une lecture revigorante mais dont on sort étourdi. Car mieux vaut avoir une solide culture économique pour lire avec profit ce pamphlet vitriolé qui cite 3 prix Nobel par page. Le simple curieux lira avec plus de bénéfices, je pense, l’excellent « Antimanuel d’économie, Tome 1 », du même auteur, plus abordable et très structuré dont je ferai prochainement le commentaire.
(1) Extraits cités par The Economist, 08/02/92, The Financial Times, 10/02/92, reproduits dans Courrier International, n°68, 20/02/92 et par Le Monde, 19/05/92. (Note de l’auteur).
(2) Bernard Maris est agrégé et docteur en économie
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2 commentaires:
A quand un débat entre économistes pour remettre la dimension humaine au premier plan?
Elise se demande si l'extinction de l'humanité ne se trouve pas programmée...
un excellent livre, dommage que Maris soit devenu neuf ans plus tard l'ectoplasme médiatique auquel brillamment il s'en prenait dans cet ouvrage...
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