samedi 26 mai 2007

En finir avec la théorie néo-classique

Vous avez peut-être déjà remarqué qu’une des raisons d’être de ce blog est de diffuser, d’expliquer et de soutenir les tentatives de déconstruction du modèle économique dominant. De démolir une fois pour toutes l’idée qu’il n’y a qu’une bonne façon de faire de l’économie. Tony Blair est le chantre de ce type de discours, répétant inlassablement qu’en économie, il y a ce qui marche et ce qui ne marche pas. Eh bien non, il a tort.

Par exemple, la production et la distribution d’électricité en France, ça marche bien. EDF est une entreprise en bonne santé, les infrastructures sont fiables, tout le monde a accès au réseau électrique, les prix pratiqués ne sont pas prohibitifs. Bref, c’est un service public de qualité qui répond à un besoin essentiel. Comme l’eau d’ailleurs mais j’en parlerai un autre jour. Pourtant, il semble que cela ne suffise pas. En juillet 2007, ce secteur sera privatisé. Au nom de quoi ? De la concurrence ? - ce qui suppose déjà qu’un système concurrentiel est par nature plus efficace qu’un service public - Pourtant, dans tous les pays où cette privatisation a eu lieu en Europe, les prix ont augmentés. Et je ne vous parle pas des pannes qui ont plongé à plusieurs reprises la Californie dans le noir...

Non, la majorité des choix qui sont faits par nos gouvernements sont d’ordre idéologique. Eh oui, les bonnes vieilles idéologies ont toujours le vent en poupe, elles qu’on croyait mortes depuis la chute du communisme en URSS. Elles sont pourtant nombreuses : créationnisme, évangélisme, néo-libéralisme, islamisme, socialisme du 21ème siècle en Amérique du sud... Non, décidément, les idéologies sont toujours là. Ce qu’il nous manque en fait, c’est une grande Utopie, - le communisme a joué ce rôle par le passé - , capable de contester et de faire évoluer le modèle dominant.

Pour cela, il est nécessaire de démontrer le plus clairement possible, contre la théorie néo-classique, que l’économie n’a rien d’une science exacte, que ses supposées « lois » (comme celle « de l’offre et de la demande ») n’existent pas. Tout au plus l’économie peut-elle revendiquer sa place aux cotés des autres sciences sociales, au premier rang desquelles figurent l’histoire, la sociologie et la psychologie.


Le Hors-série d’Alternatives économiques, actuellement en kiosque et consacré à l’histoire de la pensée économique y parvient tellement bien que je vous encourage à l’acheter. Je vous en proposerai d’ailleurs bientôt une vaste synthèse. Que les auteurs me pardonnent par avance les paraphrases que je ne manquerai pas de commettre, inévitables dans ce genre d’exercice.

Les Français, même cultivés, manquent cruellement de culture économique. Pour beaucoup, les seuls cours d’économie qu’ils ont suivi remontent à la classe de seconde. Pourtant, à longueur de journée, journalistes, banquiers, analystes financiers, hommes politiques, diffusés dans les médias de masse, nous assomment de chiffres et d’idées préconçues. Ce sont eux qui façonnent l’opinion alors qu’ils ne font le plus souvent qu’annoner un jargon économico-scientifique que personne ne comprend, à la manière du Docteur Diafoirus de Molière. Et pour cause, personne, ni les économistes du FMI ou de la BIRD, ni les hommes politiques ou les universitaires, ni les statisticiens ou les prix Nobel et encore moins Jacques Attali ou Alain Minc, n’est en mesure d’expliquer, de théoriser, de modéliser quelle forme prendrait la mise en place d’un système économique efficace. Tout simplement parce que les rapports d’échanges entre les êtres humains sont infiniment plus complexes à décrire que le système climatique planétaire et impossibles à mettre en équation. Sauf à faire de l’économie purement virtuelle, transcendante en quelque sorte, sans aucune prise avec le réel. De l’idéologie, donc.

Seule une vaste entreprise de déconstruction nous permettra d’imaginer, d’inventer et d’élaborer d’autres modes de développement, plus respectueux de l’être humain, des apports de chaque individu et, je l’espère, de la planète.

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